MENDIANT DU SAVOIR, GENEREUX EN CONNAISSANCES
Un adage africain dit qu’un vieil homme qui meurt est une bibliothèque qui brule.
J’en déduis que tout homme qui s’en va sans partager ses connaissances est le pyromane de la bibliothèque qu’il est.
Ceux qui préfèrent partir sans avoir parlé aux autres, au monde, n’auront pas aimé les autres, le monde. Ils sont sans doute à leur place dans le monde du silence.
Tout homme doit pouvoir donner le maximum de lui depuis l’âge qui lui permet d’être utile à la société, partout où il se trouverait, jusqu’à la dernière seconde de sa vie. Il n’est jamais trop tard.
Il peut le faire en pensées, en paroles, par action mais aussi par omission de …ne rien faire.
En pensées, car c’est le début de toute opération de l’intelligence. Qui se traduira en paroles et en actes.
Il peut le faire en parole. Parler au sens pluriel et sacré du terme, la parole étant un acte créateur. La parole n’était-elle pas au commencement de la création? Celui qui refuse de parler, de partager son savoir, est donc coupable du déni du noble acte de création que Dieu nous a confié comme mission pour la continuation de son œuvre sur terre. Non plus création de l’homme dont la continuation se nomme procréation, mais création des richesses morales et matérielles qui contribuent à la procréation, la vie et le bonheur de l’homme. Son malheur aussi, aucune médaille n’ayant de revers.
La parole transmet l’oralité.
L’Afrique devrait en conséquence être fière d’avoir privilégié l’oralité. L’africain d’hier avait considéré qu’il n’y avait « pas d’autre moyen de […] conserver » le savoir que de l’apprendre « par cœur ». La société était organisée de façon à transmettre le savoir soit à travers les griots et conteurs, soit à travers les initiations.
L’oralité qui précède l’écrit.
Contrairement à la pensée occidentale, l’Afrique n’a pas ignoré l’écrit. ». Quoique les Pharaons ait estimé que l’écrit fait perdre la mémoire au peuple (comme l’informatique en fait perdre aux individus d’aujourd’hui).Comment le pouvait-elle en tant que berceau de l’humanité ? « L’Egypte africaine a été la première nation à inventer l’écriture, la Nubie méroïtique en a connue ».
D’où vient-il que de nos jours, la tradition orale ait perdu la vitesse dans nos sociétés, sans que la tradition écrite n’ait gagné l’espace ainsi libéré ? La nature n’a-t-elle pas horreur du vide chez l’Africain ?
Les initiations ont été bannies par la religion, et les conteurs et griots sont en voie de disparition par manque de public et à cause des contingences de la vie moderne. L’Africain en est arrivé à perdre son héritage. Les anciens et sages s’en vont avec leurs connaissances qui se perdent définitivement, car contrairement à d’autres créatures comme les végétaux pour lesquels le postulat « rien ne se perd rien ne se créé » a tout son sens, la perte d’un humain est définitive. Un végétal peut être reproduit naturellement avec les mêmes caractéristiques phénotypiques et génétiques après son enterrement, que dis-je sa mise sous terre.
En est-il autant pour l’homme ?
Etre le plus intelligent, il s’est penché vers la nature comme source d’inspiration pour ses inventions. Il devrait également le faire pour son comportement.
Ainsi, s’il t’était donné de choisir de revenir sous un type de végétal ou plus précisément de fruit, ou tout au moins celui à quoi tu aimerais ressembler du point de vue utilitaire, lequel choisirais-tu ?
Moi, sans hésiter, j’opterais être du groupe des oranges. Ces fruits qu’on presse pour en tirer le maximum de jus, avant de jeter la pulpe qui est certainement fière d’avoir tout donné.
Ceux qui ne veulent pas partager leur savoir, savoir faire et savoir être sont les pires créatures de Dieu, ceux qui préfèrent enterrer les talents qui leur ont été donnés au lieu de les fructifier. Les égoïstes de la pire espèce. Certains ont peur de s’exposer à la critique. D’autres se cachent ou se taisent par ce qu’ils se reprochent des choses, de peur d’être repris. Ni les uns, ni les autres n’auront de circonstances atténuantes.
Partager par la parole, les écrits et les images passe donc pour être la plus grande entreprise d’exploitation de la première matière première qu’est la matière grise en vue d’ajouter de la valeur à notre vie.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication nous donnent l’incommensurable opportunité de nous rendre utiles en partageant notre histoire, notre savoir, nos opinions en même temps que nous apprenons des autres. Avec elles, nous pouvons dire « un de perdu, trois de gagné ». Car elles allient et l’oral, et l’écrit, et l’image.
Elles nous permettent de recréer nos villages et communautés, certes pas de façon réelle comme on l’aurait souhaité, mais de façon virtuelle qui a son avantage de transcender l’espace et le temps.
Elles nous permettent de figurer à chances égales dans le village planétaire qui est ce « rendez-vous du donner et du recevoir » par excellence qu’a évoquer l’un des nôtres.
Il suffit seulement de s’en donner la peine, anneau par anneau, cercle par cercle.
J’ai longtemps hésité et je ne voulais pas le faire de façon personnalisée, par souci d’effacement qui participe de l’humilité. Qui suis-je ? Même pas un atome. Aussi, ayant créé un blog depuis les années d’avènement de ces plateformes de communication, je n’y est même pas publié un seul mot sur la page d’accueil. A contrario, j’ai créé et administré à mes frais et temps, des blogs (plus d’une demi-dizaine) communautaires et associatifs. Parfois pour créer de l’incitation et de l’émulation auprès des principaux concernés, puis passer la main. Non seulement je me suis retrouvé le seul animateur, mais les réactions des plus concernés sont demeuré timides. Ces plateformes demeurent statiques dès lors que j’estime ne plus avoir l’entière légitimité de communiquer au nom desdits groupes, ou la motivation de le faire. Découragé par l’indifférence ou le manque d’intérêt des principaux bénéficiaires.
Lorsque le sentiment d’utilité prend une douche, on finit par se sentir inutile en se demandant si l’on a pas finalement voulu être plus royaliste que le roi.
J’ai donc décidé de m’assumer et d’assumer mes opinions. Je l’ai d’abord fait dans les réseaux sociaux, en ouvrant plusieurs pages thématiques à côté du mur qui en est la vitrine. Mais là aussi, l’agréable est plus important que l’utile.
J’ai donc décidé de revenir à cette plateforme qui devrait me permettre d’exprimer ma somme d’expérience et mes modestes opinions et partager les connaissances puisées dans notre environnement socio-culturel et professionnel.
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