A chaque jour "subit" sa peine
Souvenir et Nostalgie: jumeaux ou cousins?
Le Passé, dit-on, "est un champ de souvenir, de nostalgies, au moins autant que d'enseignements; L'avenir est un faisceau d'espérances; Le Présent est la fracture entre les deux où l'Histoire de l'Homme est en pleine fusion".
Je n'ai pas pris l'habitude de parler des autres (en mal), souffrez que je parle de mes maux par mes mots.
Ceux qui sont mes intimes partageront mon i-journal intime. J'ai rien à cacher dans ma vie. Et comme je le dis souvent, tout ce que je fais et dit doit avoir valeur pédagogique. Même et surtout les anecdotes.
Hier, je me rends dans le domaine qui abrite mon ancienne Direction.
A peine le portail franchi, voilà que je me retrouve face à face avec celui qui se faisait appeler affectueusement et d'autorité "le Coordo des Chauffeurs", un doyen des Doyens de la PV depuis Mvogmbi et la DIRAGRI. Les connaisseurs décoderont. Les autres demanderont.
Et voilà des cris, alors qu'il n' y a pas si longtemps qu'on s'est vu. Et pour cause!
Ekotto, Ekotto! Je viens de faire un kongossa sur toi, tout de suite. Il n 'y a même pas 5 minutes, et tu apparaîs.
Tout costaud qu'il est, il me prend la main au niveau de l'avant bras sous son aisselle, et se met à me tirer comme on tirerait une chèvre qui veut résister.
"Comme je suis direct, poursuit-il, je vais te montrer la personne à qui j'ai fait ton kongossa”.
Nous voici devant la porte de mon ancienne sous-direction en 1994, il me plante au milieu d’un groupe de personnes dont les faces ne me disent presque rien.
Il s’adresse à l’un d’eux, Sous-Directeur de la mécanisation, en lui disant : « Voici la personne dont je viens de te parler tout de suite. Voici la personne dont je te disais qu’il a souffert ici, qui a été brimée, mais… ».
Echanges de civilités, puis séparation non sans échange de cartes de visites et découverte du bureau dudit responsable.
Alors, je lui fais remarquer qu’il occupe le bureau de mes anciens sous-directeurs (parmi les brimeurs), et il me vient à l’esprit l’une des frustrations de l’un d’eux.
C’était un père ou grand frère de loin, que je respectais et portais d’ailleurs beaucoup en estime. Pas brutal, doux à la limite, mais qui pouvait être pernicieux. De toutes les façons, je ne retiens aucune animosité patente de sa part. Mais deux souvenirs dont l'un décevant pour un aîné de son calibre.
Le premier, c’était quand nous préparions la première loi portant protection phytosanitaire. J’étais Chef de bureau de la Législation et Normes, donc j’avais préparé tous les premiers drafts.
A l’époque, il venait de rejoindre la Sous-Direction après le passage à la SODECAO (?), et moi je m’apprêtais à quitter le pays pour une spécialisation.
Au cours d’une réunion, alors que je faisais remarquer une incongruité dans le projet de texte, il me répondit en balayant ma remarque d’un revers de la main en disant » rien n’est parfait ».
Je fus sidéré.
Qu’au moment où on élabore un texte de cette envergure, on intègre l’imperfection inhérente à toute œuvre, mais qui devrait se révéler à l’épreuve des faits et de l’application.
Il avait perdu quelques points dans le « permis à points » qu’est la considération et le respect entre humains.
On sait ce qu’il a été de ce texte voté à l’Assemblée et promulgué par le Chef de l’Etat. (J'en parlerai dans un autre témoignage).
Mon deuxième souvenir de lui, c’est à mon retour de stage.
Dieu ! Que tu sais faire des coïncidence.
Une personne te fait un send-off caustique, puis un wellcome back non moins caustique.
Il est toujours Chef de Service (il est à noter qu’il fut l’un des trois cadres à avoir été envoyés aux Etats Unis par la Coopération américaine dans le cadre de la mise en place du Centre régional de protection des cultures, un véritable éléphant (pas blanc) mais blanchi par nos turpitudes), alors qu’un petit-frère et moins expérimenté est son Sous-Directeur.
Comme il y a une justice sur cette terre, il remplacera ce dernier plus tard.
A l’époque donc, un ordinateur tout neuf vient d’être acheté, est installé dans son bureau et fait l’objet de soins comme une nouvelle fiancée.
Il me sollicite de temps en temps pour quelques notions.
Un jour où je le trouve tripotant le clavier et qu’il me demande comment faire telle chose, j’ai voulu y toucher et lui de sursauter en empêchant mes doigts de toucher au clavier.
Avec ces mots : « Attention aux VIRUS ».
Par respect, j’ai contenu mon rire sinon j’allais éclater.
Circonstance atténuante, la notion de virus informatique commençait à peine de se propager. On pouvait donc craindre une contamination humaine... par contact.
Mais a-t-il fait pire que ses petits frères ? Lui c’était l’ignorance. D’autres ce sera la vénalité.
Car quelques temps après, comme mentionné ci-haut, il sera nommé sous-directeur, et un autre collègue le remplace (Dieu ! quelles coïncidence ! Ce même jour je rencontrerai celui-ci comme décrit ci-dessous).
En ce moment là, je n’ai même plus le droit de soulever la housse de l’écran.
Il faut sans doute faire un flash back pour mieux comprendre.
Notre sous-direction avait été, en 1988, parmi les premières structures de l’Etat à disposer d’un système complet d’ordinateur, avec un CD-Rom externe sous forme de boîtier comme un gros VCD/DVD sur le marché actuel.
Grace à la coopération Britannique. Un Coopérant qui travaillait en plein temps avec nous s’est chargé de l’installation du système et de la prise en main des cadres.
Cependant, il était en fin de séjour et au cours de la réunion de send-off, le Sous-Directeur a émis la préoccupation de la formation des Cadres. Le Blanc lui répondit au milieu des autres collègues « Mr Ekotto pourra s’en charger ». il ne savait pas qu’il m’avait vendu.
En effet, j’avais très vite maîtrisé l’outil, qui n’était pas si nouveau pour moi, car j’avais un ami, frère et voisin à Bastos, Joel Ekollo pour ne pas le nommer, informaticien auprès duquel j’avais découvert ces appareils et m’exerçais tant bien que mal. Ce n’était donc pas sorcier.
A partir de ce jour, la porte de la salle des machines me sera fermée, jusqu’à ce qu’un 20 mai, tout soit dérobé. Ma première fois et la dernière à avoir été entendu à la Police Judiciaire.
Revenons à la journée.
J’avais pour point dans mon agenda entre autres de rencontrer le nouveau Directeur de la Réglementation, dont je ne voyais pas la face derrière un nom sur un dossier que j’avais suivi. Je me devais de lui rendre une visite de courtoisie, félicitations et d’introduction pour les sollicitations éventuelles dans le pipe.
Non sans appréhensions, car depuis que je passe dans nos anciens bureaux, je trouve de nouvelles faces (normal et anormal, question relève) parfois patibulaires. Et moi je me suis toujours fait petit, incognito, sauf si l’un des rares doyens me trahit.
Je m'amusais à remarquer la préoccupation de certains (surtout les secrétaires, lorsqu’il fallait demander les audiences) qui devaient être surpris qu’une personne ne soit pas ébranlée par leurs manèges, qui dégageait une assurance sans décliner un quelconque titre, et qui étaient parfois surpris que le Patron vienne m’accueillir à sa porte ou me raccompagner hors du bureau. Ma revanche, je la tenais.
Il ne faut rien forcer, tout vient à point pour qui sait attendre.
Alors que j’entre timidement au secrétariat d’un sous-directeur, un au moins qui me connait, qui vois-je ! L’ancien collègue Chef de service que j’avais perdu de vue depuis plus de 5 ans, retraité aussi et recyclé dans une société de notre filière. Il suivait ses dossiers et devisais avec un membre du secrétariat, un de ceux qui me regardaient un peu de haut.
Cris et embrassades. S’adressant au Monsieur. « Tu connais ce Monsieur ? « Je l’ai déjà vu ici quelques fois » ; seuls les regards qu’on s’échange pourraient en dire long.
Il ne faut jamais se venger, Dieu se chargera de ta revanche. Aussi insignifiante soit-elle.
Et de deux !
Voilà qu’une nouvelle fois, on me prend par la main pour me promener de bureau en bureau, auprès des gens qui m’ont souvent vu passer incognito et dans l’indifférence alors que j’essayais parfois d’établir le contact.
J'ai pris du plaisir, et en ai lu dans le regard d'une dame, à qui je faisais remarquer que j'étais assis là où elle est.
Qu'il leur soit dit que la salle attenante à leur bureau, le Laboratoire de Quarantaine où ils travaillaient, je l'ai monté de mes bras et ma tête.
Et voilà que mon collègue me demande si j’ai vu le Directeur. Je fais part de mes appréhensions, mais il me rassure ‘tu le connais ».
Et comble de surprise, un petit frère très humble et respectueux. Ceux que nous avons « incubés » avant de partir, mais qui avait fait une bifurcation ailleurs. Je l’avais rencontré il y a moins de trois mois, alors qu’il était encore chef de Laboratoire d'Analyse et Diagnostic (par où je suis aussi passé), et m’a fait un geste qui ne m’arrive pas souvent. Il m’a remis deux bons de carburant à mon départ.
Je fais table rase de la suite. S’il pouvait me demander de m’asseoir sur son fauteuil, il l’aurait fait.
Leçon: lorsque vous faites quelque chose, faites le en toute âme et conscience, sans calcul, du mieux que vous pouvez. Ne brimez personne, ne monnayez vos services à personne.
Même dans l’adversité et les frustrations, vous ne travaillez pas pour quelqu’un, mais pour l’humanité et la postérité.
Car vous risquez de vous priver de quelque chose de non-mesurable ni vendable, ni achetable, le sentiment d’utilité.
J’aurais pu, alors que l’accès aux ordinateurs m’étais interdit, moi qui au demeurant me couchais dans ma chambre d'étudiant avec un ordinateur en Grande Bretagne et au pays en ayant ramené, qui après ma spécialisation ai bénéficié d’une formation supplémentaire et spécifique en statistiques et computer science où on a eu à décortiquer les composantes du hardware lors des ateliers pratiques, j’aurais pu me décourager et abandonner le projet d’élaboration de l’Index phytosanitaire que j’avais entamé de ma propre initiative, et dont je ne pouvais me contenter que des papiers au bureau pour relever en catimini les données, pour les saisir à la maison.
Je n'aurais pas élaboré une base de données interactive en langage dbase puis à l’aide de access plus tard.
Pour servir de point de départ au projet d'Index qui deviendra officiel, auquel j’ai eu l’honneur de participer comme pionnier et chargé du dossier.
J’avais rejoint entre temps le Laboratoire d’Analyse et Diagnostic, ainsi que le collègue ci-dessus cité, déchu de son poste de chef de service, et qui trouva un espace dans la salle de machines qui était attenante à mon bureau, salle que j’avais par ailleurs montée, négocié la connexion internet auprès de ICCNet.
Puis après, la porte latérale de mon bureau qui y donnait fut fermée avec un cadenas du côté de la salle. "Access Denied!"
Je n'avais plus qu'à ronger mon frein.
Mais comme Dieu sait faire ses choses, dans les jours qui ont suivi, mon Père de retour d’un voyage d’Afrique du Sud, me ramena un Laptop Dell Inspiron 1500 (Thanks, Jeff).
Mon desktop fonctionnait toujours (je garde la mémoire centrale comme pièce de musée), mais le processeur et le disque dur (moins de 100 mega!, les hommes viennent de loin - saturne) était largué.
Je me remis au travail de l’index numérique.
Et Dieu ne tarda pas de payer.
Il me fut confié l'étude sur l’impact de la nouvelle réglementation de l’UE en matière de LMR/LMC (limite maximale de résidus/contaminants) sur les exportations agricoles du Cameroun. Financée sur fonds STABEX.
Jackpot !
Ne demandez pas combien, sinon XAF 150.000/jour.
En souvenir, indélébile: je doterai mon épouse. La première de toutes les étapes, dont l’ultime: le Wanga (sel).
"Il faut qu'une Femme soit sucrée pour être dotée avec le Sel". Avais-je dit au milieu des dames ce jour là, à la grande surprise et joie de nombreuses personnes dont la plupart savent que je suis muet comme une carpe. C'est ma nature "naturelle". Le reste n'est que combat contre cette nature - qui dérange tant de gens, y compris et surtout dans ma maison. Heureux donc, ceux que je dérange par mon bavardage. Si tu n'es pas mon ami, si nous n'avons pas d'atomes crochus, bonjour-bonsoir.
Sans fausse modestie ni prétention, nul autre ne pouvait bien mener cette étude dans les délais, car il fallait disposer de toutes les données actualisées des pesticides pour faire des couples matière active x produit, et ils se devaient d’être informatisés afin de faire les tris, requêtes, et toutes sortes d’analyse qui à la main, auraient pris du temps, sans parler d’erreurs et omissions possibles.
For once, the Wrigth Man was at the Rigth Place at the wrigt time.
Si je vous contais les manœuvres pour m’en déposséder!
Un bémol toutefois où je me suis vangé.
Peu de temps après, je suis responsabilisé dans un Projet.
Njunju calaba! Le corrigé des brimades. Qui ne sait pas le quotidien d'un gestionnaire au Cameroun s'en moque.
La hiérarchie a toutes les données en hard copies, la dernière version soft que j’arrivais quand même à copier dans l'ordinateur du bureau lorsqu'il m'arrivait de faire le forcing est dans mon Laptop, pas de ma faute.
Alors je me dis, qu’on me les demandera, je les donnerai sans me faire prier. Mais il faut en faire la demande.
Par orgueil et peut être sentiment de culpabilité, le jeune collègue qui prendra la relève, celui même qui avait osé aller jusqu’à me dire de ne pas toucher à l’ordinateur alors que nos supérieurs étaient plus subtils (fermeture de porte, autres manœuvres dissuasives) se chargera de recommencer à saisir lesdites données dans Excell.
Conséquence, l’aboutissement de ce projet sera retardé de plusieurs années, (d’autres raisons plus importantes doivent en être la cause).
Si c’est pour cette raison que le document final porte les noms même de nouveaux venus au projet et non le mien, j’assume !
Il faut souvent pousser et exprimer un cri de colère, comme exception et non la règle.
Quelle journée !
Finie par un entretien convivial avec un(e) autre Directeur(e), avec des symboliques et signes de Dieu incroyables.
Elle avait autant bien commencée, la journée, avec un coup de fil quand j’étais en route pour ma destination du jour.
Devinez par qui ! Celui là même qui me brancha dans l’étude STABEX !
Attendez toujours des montagnes de Dieu comme signes, négligez les cailloux qui les constituent.
Il n'en faut pas plus, même un simple sourire franc, pour me rendre heureux.
Il vaut à mes yeux plus que les millions de CFA.
Excusez du peu d'ambition.
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