My Shareway to the World

My Shareway to the World

La Légende de la chanson épique en pays Bassa

La Légende de la chanson épique en pays Bassa au Cameroun : Chanson 2

 

1. Parle-moi de la légende de la chanson épique. Compagnon, mon cher,

Veux-tu que je te raconte vraiment la légende

Des chansons épiques en pays Bassa [...] du Cameroun en Afrique centrale ?

Allons ! Et après que je t’aie raconté

La légende de la chanson épique en pays Bassa.

 

 

 

4. Parle-moi de la légende de la chanson épique.

Un jour, il y a longtemps de cela,

Au XVIè siècle vraisemblablement,

Après avoir été chassés

De l’ancien royaume du Biafra,

Dans les bassins de la Bénoué et du lac Tchad,

Correspondant à la zone de Garoua

Du Cameroun actuel,

Par les Tikar récemment convertis à l’islam,

Les Bassa s’installèrent

Autour de la grotte sacrée Ngok Lituba,

Au centre du Cameroun actuel.

Là ou s’arrête la savane et commence la forêt.

Ils y avaient été conduits par leur ancêtre

Le grand guerrier Nanga Ngué.

Nanga Ngé avait deux fils : Ngog Ngué et Mbang Ngué


 

 

9. Parle-moi de la légende de la chanson épique.

Je te dis, compagnon, mon cher,

Arrivés au campement construit autour

De la grotte sacrée Ngok Lituba,

Les deux compères trouvèrent les hommes

Si occupés à organiser la migration des Bassa

Dans la forêt équatoriale,

Que personne ne prêtait attention

A leur trouvaille.

 

10. Je m’en vais te raconter la légende

De la chanson épique.

Cette semaine-là, je te dis, Compagnon, mon cher,

Deux importantes conférences étaient prévues.

Elles devaient prendre d’importantes décisions

Pour l’avenir des peuples Bassa et Bakoko.

La première concernait exclusivement

Les neuf ethnarques, grands prêtres

Des neuf sous peuples bassa.

L’ordre du jour portait sur la division

Du territoire à conquérir

Et son mode d’occupation.

La deuxième concernait les Bassa

Et les Bakoko, un autre peuple chassé

Du nord du Cameroun par les Tikar.

L’ordre du jour  portait sur le protocole commun

De la pénétration de la forêt,

Afin de se mettre à l’abri

De la pression des Tikar.

 

 

12. Parle-moi de la légende de la chanson épique.

Ce jour-là, compagnon, mon cher,

A l’issue de la première conférence,

Il fut décidé que les neufs sous tribus bassa Correspondant aux neuf divinités de l’ennéade

Devaient occuper le territoire ainsi qu’il suit :

Les Babimbi devaient rester sur place et occuper

Les terres situées autour de la grotte sacrée Ngok Lituba et les collines environnantes.

Les huit autres devaient occuper les huit secteurs

Du territoire correspondant aux huit phases

De la sixième divinité de l’ennéade

Qu’est la lune.

Les Bikok avaient été orientés vers le Sud-Est.

Les Nô-Nlon vers le Sud Beti,

Les M’bassa-Bassa vers l’Est en pays Maka,

Les Kidibian vers le Nord-Est, vers les Baya,

Les Likol ves le Nord, vers les Banen,

Les Abasankon vers le Nord-Ouest, Vers les Tikar,

Les M’bassa vers l’Ouest, en pays Bamiléké,

Les Ngombolo vers le Sud-Ouest , vers les Douala.

 

13. Parle-moi de la légende de la chanson épique.

Je te dis, compagnon, mon cher,

Le jour suivant,

Au cours de la deuxième conférence,

Les Bassa et les Bakoko organisèrent le pouvoir

Au sein de la fédération de la marche forestière.

L’exécutif, le Ngué, fut confié aux Bakoko

Et aux Ndog Bessol, ainsi que la police.

Le législatif, le Mbog, aux Bassa,

Le judiciaire, le Um, aux Bassa de mères Béti,

L’armée, aux bassa marginaux

Comme les Ndog Soul et les Ndo Koma.

 

 

 

15. Parle-moi de la légende de la chanson épique.

Je t'assure, compagnon, mon cher,

Les ethnarques furent offusqués

De l’importance que prenaient ces femmes,

Pendant que les hommes traitaient des sujets

D’une importance capitale pour la survie

Des peuples Bassa et Bakoko,

Qu’ils décidèrent de les traduire au Mbam-Um,

La chambre correctionnelle du Um,

Confrérie judiciaire

De la fédération Bassa-Bakoko,

Récemment organisée.

 

 

 

 

Ceci est la « chanson orale et originale » de la barde Ngo Um Madeleine (1932-1995), « barde du village Bomtol, du clan Ndog Let, dans la province Likol en pays bassa, commune de Matomb [ …] Plusieurs de ses textes étaient ceux de sa grand-mère paternelle la barde Ngo Um Manguèlè ma Ndoy, à elle transmis par son père, le barde Um Joseph ».

 

Cette chanson figure dans le recueil de chansons épiques d’Afrique (Bassa/Cameroun, Bambara/Mali et Sénégal, Mossi/Burkina Faso), publié par André Mbeng aux éditions l’Harmattan en 2008.

 

Au-delà de la beauté et la profondeur de cette légende qui doit être prise pour ce qu’elle est, c'est-à-dire un récit fabuleux fondé sur un mythe, qui est lui même « une construction intellectuelle qui permet la cohésion d’un groupe humain ou son action »,  la représentation à la fois concrète et abstraite des récits historiques ayant meublé le temps et l’espace des deux groupes Bassa et Bakoko qu’elle fait  l’éloigne de l’autre définition de la légende qui est « mensonge » ou racontar, car ne reposant sur rien de sérieux.

 

Qui peut prétendre qu’il n'y a rien de sérieux dans ce que raconte cette légende ?

C'est l'histoire des peuples Bassa et Bakoko, mythifiée et actualisée.

Le temps et l'espace sont relativisés, le premier renvoyant á la période d'occupation du second, et ceux dernier ramenant aux données factuelles et actuelles: vers le sud Béti, en pays Bamiléké, vers les Douala.

J’ai choisi de la convoquer,  cette légende comme point final à une discussion que je ne pensais pas s’attarder sur les fondamentaux, tant les évidences et concordances sont si nombreuses qu’on ne pourrait les « ranger dans le cadre des idées à priori ». Hélas !

Les révisionnistes ne reculent devant rien. Même une montagne d’évidences ou un océan d’indices logiques.

Le frère Ekwe Mardochée, avait osé demander au frère Yves Motassi, de lui dire oú est ce que Bassa et Bakoko avaient cohabité, dans son envolée réfutant la présence de ces derniers sur les berges du Wouri, avant l'arrivée des Bombongo.

 

Cette légende rappelle certaines choses, en atteste d'autres autant qu'elle insinue d'autres souvent dissimulées.

 

Cette légende rappelle que le royaume du Biafra n'a pas commencé autour des berges du Wouri, et qu'il remonte au moins du temps et dans l'espace du bassin du Lac Tchad.

 

Cette légende atteste que Bassa et Bakoko ont cohabités à Ngog Lituba, oú ils ont organisé le départ concomitamment et réparti (envisagé) l'espace à conquérir.

Elle fait référence à "la Fédération Bassa-Bakoko.

Elle insinue donc ce que l'histoire des Bakoko révèle, à savoir que dans leurs migrations vers les berges du Wouri, ils étaient accompagnés par les Bassa.

 

Cette légende atteste de l'étroite proximité (liens de sang) des Bakoko et Ndog Bessol á qui l'exécutif fut confié, ces derniers ne comptant pas parmi les "neufs sous tribus Bassa" comme notre contradicteur s'acharne à démontrer, après en avoir établi le contraire.

 

Cette légende fait ressortir un phénomène d'exposition constant et réel, celui de la mise au premier plan du groupe Bassa en raison d'une influence culturelle contemporaine et de la discrétion du groupe Bakoko qu'un auteur justifie par leur conception mystique de la vie.

La légende parle du "pays Bassa", comme cet espace est très souvent présenté comme une exclusivité, puis y ressort les Bakoko comme par enchantement. De là à ce que d'aucuns disent ou considèrent les Bakoko comme des Bassa ou un sous roupe des Bassa, il n'y a qu'un pas que certains auteurs Bassa ont aisément franchi.

Un groupe a donc toujours été plus visible que l'autre, plus audible. Doit-on s'étonner que dans la littérature tant coloniale que contemporaine, il soit très souvent écrit Bassa par défaut, lorsque les deux communautés sont en présence voire  pour parler des Bakoko? Ce d'autant que certains Bakoko sont bassaphones!

Ce même phénomène d'éclipse des Bakoko, on le retrouve dans l'histoire des Sodiko. Ces derniers disent avoir été les premiers à arriver là où ils se trouvent actuellement, entre Bonabéri et Bonendalle. Paradoxalement, lorsqu'ils poursuivent la narration de leur installation, ils décrivent comment l'un des leurs avait fait peur aux Bakoko à l'aide du fusil afin de les éloigner et leur laisser la place. Ce qui corrobore la version des Bakoko qui atteste qu'à leur départ de Douala pour Dibombari ou ce qui en tenait lieu, ils étaient suivis par quelques Bassas qu'ils ont semés en cours de route et se sont installés au lieu dit.

 

Les apparences sont trompeuses mais les tromperies apparaissent comme un rocher qui affleure avec les intempéries ou le déblayage de la couverture superficielle qui la recouvre.

 

La cohabitation et compénétration voire fusion des Bassa et Bakoko n'a pas commencée sur les berges du Wouri. 

 

 



19/10/2016
6 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 58 autres membres