Covid19 au Cameroun : vers la Zone de turbulence avec pilotage à vue ou automatique?
#Covid19 au Cameroun : vers la Zone de turbulence avec pilotage à vue ou automatique?
NB : Paresseux en lecture, s’abstenir.
Depuis l’introduction du virus au Cameroun en février 2020, chaque citoyen à son niveau et selon son niveau de compréhension, cherche à connaître les contours de cette calamité afin de mieux se prémunir.
Beaucoup d’encre et de salive ont déjà coulés et les yeux ont été largement ouvert pour voir si possible ce microbe avant d’en voir les dégâts. Les cerveaux ont en vain été sollicités et se sont fatigués pour appréhender ce phénomène afin d’en tirer des astuces pour l’éviter et s’assurer des mesures prises par le gouvernement pour le maîtriser.
Le Ministère de la Santé du Cameroun a dû prendre note de la menace depuis le déclenchement de l’épidémie de Corona virus en Chine en fin d’année 2019 et sa progression en passant par les pays européens.
Surtout en suivant les alertes de l’OMS à partir du 30 janvier, date de sa déclaration par cet organisme comme pandémie.
Au milieu de notre indifférence et notre insouciance collective sur les choses qui arrivent aux autres.
Si notre naïveté de peuple inconscient peut être tolérée, il y a lieu de se poser des questions sur l’épidémiovigilance au niveau du ministère en charge de notre santé en relation avec cette maladie exotique depuis sa transformation en pandémie. Et s’interroger sur la gestion de l’épidémie de coronavirus qui a connue une progression heureusement encore arithmétique jusque là.
L’instinct de survie au regard de ce qui a pu être perçu comme les tergiversations du MINSANTE m’a emmenée à m’armer de mes « outils d’aide » à la compréhension que constituent mes modestes connaissances en épidémiologie et la non moins modeste expérience à la gestion des fléaux certes de nature particulière.
Je mets toujours des gants quand il me vient d’écrire ou parler sur la Santé humaine, car plus délicate et pointilleuse sans doute que la Plant Health dans laquelle je peux me sentir aise.
Car nous l’avons appris à travers les pères de la Plant Epidemiology que sont Zadocks et Schein qui ont écrit : « There is an epidemiology of human diseases, of animal diseases, and of plant diseases. These three are embedded in, respectively, medicine, veterinary science, an phytopathology. Nonetheless, they share SOME CHARACTERISTICS, and in history of epidemiology there has been a USEFULL EXCHANGE OF IDEAS between medical and botanical epidemiology ».
C’est en conséquence armé de ces caractéristiques partagées que j’essaie de comprendre la complexité de la problématique de santé publique et particulièrement celle du corona virus et tenter d’échanger des idées pour sa compréhension et son contrôle.
Avec l’œil d’un homme avisé et rompu à la prévention et la lutte contre des catastrophes de son domaine de compétence à incidence indirecte sur la vie des concitoyens, qui exprime ses appréhensions sur la gestion d’une catastrophe à incidence directe sur sa vie et celle de ses compatriotes. Quitte à être rassuré par les spécialistes du domaine.
Ce sera une autre « exchange of hopes ».
Mon analyse sur la gestion de l’épidémie de corona virus par le Ministère de la Santé me laisse dubitatif sur son mécanisme d’anticipation et de réactivité par rapport à celui du Ministère chargé de l’Agriculture à une période donnée où il a été confronté à une menace récurrente et à l’éruption (outbreak) d’ennemis exogènes voire endogènes dont l’expérience me sert de fil conducteur.
Expérience en terme de dispositif, stratégie assortie de Plans d’Action Prévisionnel et Opérationnel.
Comme pour la santé des végétaux où l’organisation faîtière internationale qu’est la FAO dispose de mécanismes d’observations et guides de contrôle, l’OMS dans le domaine de la santé humaine dispose de dispositifs similaires.
Les pays membres n’ont qu’à concevoir leurs dispositifs « accordingly » et faire preuve d’ingéniosité, de vigilance et pro-action dans la surveillance supra-nationale et la prévention nationale.
La maîtrise de ce genre de catastrophes commence généralement avec une Analyse du Risque.
Le déclenchement du Corona virus en Chine depuis la fin de l’année 2019 et surtout sa signalisation par ce pays auprès de l’OMS en début d’année 2020 a dû constituer le repérage d’un « événement pouvant représenter une menace pour la santé publique », ce qui correspond à l’identification du danger chez nous.
C’est à partir de là qu’on peut commencer à envisager des projets de stratégies en s’inspirant des expériences des pays affectés et des guidelines édictées par l’organisation mondiale concernée et adaptées que contexte local.
Le MINSANTE avait t-il ce stade, commencé à élaborer son avant-projet de plan d’action à partir des stratégies de gestions des épidémie qu’il doit disposer et se doit de réviser avec la type de maladie ?
Car en fait, le MINSANTE dispose d’une Stratégie Sectorielle de Santé 2016-2027.
Laquelle stratégie comporte entre autres, une composante « Prévention de la maladie » avec pour sous-composante « Maladie à Potentiel Epidémique (MAPE) dans laquelle on peut ranger le Covid 19, sous le couvert de la grippe « ordinaire » qui y figure nommément.
Sur fond d’état de lieux et diagnostic sombre reconnaissant une « faible capacité à répondre aux besoins socio-sanitaires des populations … ; cette stratégie dispose d’un Cadre Stratégiques dont l’objectif spécifique en relation avec le Covid 19 est « D’ici 2027, réduire de 90% des districts de santé, le risque de survenue des évènements de santé publique majeurs et des maladies à potentiel épidémique, y compris les zoonoses ».
Cet objectif qui découle de l’Axe Stratégique prévention de la maladie embrasse t-il explicitement la prévention des pandémies comme le Covid 19 ou fallait-il un objectif spécifique particulier et adapté à ce genre de menace ?
Toujours est-il que la stratégie de mise en œuvre de cet axe centrée sur le renforcement de la surveillance préconisait comme résultat le développement et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de surveillance épidémiologique comportant entre autres la détection précoce des cas et la riposte en cas d’épidémie.
C’est dans ce cadre que l’analyse du risque devrait se faire.
S’en suit une appréciation du risque et pour se rapprocher du domaine médical, « l’analyse des évènements de santé dans une perspective de contrôle et d’alerte ».
Chez nous comme sans doute chez les professionnels de la santé humaine, cette appréciation du risque repose sur :
- l’appréciation de l’introduction et/ou l’appréciation de l’exposition des populations audit virus qui découlerait essentiellement de son introduction par les voyageurs, la source endogène à partir des animaux comme le pangolin ou les fameuses chauve-souris étant moins probable ou secondairement envisageable. Ces appréciations ont dû aboutir au résultat d’un risque significatif au regard des caractéristiques du virus et de la limite des connaissances à son sujet, de la faiblesse du dispositif de contrôle, du laxisme des agents et autorités, de nos réalités sociales, us et coutumes, de notre insouciance mortifère et l’absence de la culture de prévention à tous les niveaux et tragiquement d’anticipation au niveau décisionnel. Sans oublier les lourdeurs administratives et d’autres luttes d’intérêts.
- ensuite, l’appréciation des conséquences directes sur la santé publique et la vie des hommes, et indirectes en termes de coûts de surveillance et prophylaxie, impact économique et sur l’environnement. Ces conséquences on n’en doute pas, ont été jugées à temps et de façon empirique significatives.
- enfin, l’estimation du risque afin de mesurer les risques consécutifs au déclenchement de l’épidémie, estimation nourrie par les résultats des appréciations précédentes.
Nul doute que ce risque a été estimé TRES ELEVE. Pour donner lieu à la Gestion du risque d’épidémie de Corona virus.
L’orientation et la prise de premières mesures nécessaires constituent le début de la gestion du risque destiné à prévenir l’introduction du virus ou sa détection précoce ou encore le début de sa dissémination. Nous sommes donc là dans le domaine de l’anticipation.
Dans cette phase préparatoire, le MINANTE dit voir reconstitué ses équipes, requérir des thermoflash additionnels qu’on a vu les équipes utiliser au débarquement des passagers, et actualiser ou concevoir es fiches.
L’analyse du risque se faisant beaucoup plus en back office, le grand public est peu concerné par les informations devant circuler entre les intéressés ou impliqués dans ce processus, faisant partie de la communication relative au risque, « processus multidimensionnel et itératif, qui, dans l’idéal, doit commencer dès le début de la démarche d’analyse des risques » nécessitant une stratégie de communication dès cette étape préliminaire.
Le MINSANTE s’est-il doté d’une stratégie de communication à ce stade préliminaire ?
Cette communication de risque devient primordiale dès le processus de Gestion du risque, consistant à décider et à mettre en œuvre les mesures susceptibles d’atteindre le niveau de protection approprié déterminé ou de prophylaxie satisfaisante.
C’est à ce stade et à partir de la communication de masse que le public peut noter le niveau de préparation ou d’impréparation du gouvernement, selon que la ou les stratégie(s) traduite(s) en Plans d’Action Prévisionnel et Opérationnel produisent des résultats perceptibles même par le profane et encore plus par les homme avertis.
Cette phase de communication n’a sans doute pas été corsée au regard de notre attitude collective quasi imperméable aux avis et avertissements qui eux mêmes n’ont pas été dosés dès le début.
Analysons la séquence des évènements à la lumière de données fondamentales et de la pratique.
Dynamique de l’épidémie
La dynamique des populations des ravageurs de végétaux étant primordiale pour l ‘élaboration de la stratégie de leur contrôle, la première des choses à laquelle je me suis consacrée a été de chercher à comprendre la dynamique de l’épidémie de Covid 19, et notamment la cinétique épidémique qui détermine la stratégie de réponse sanitaire appropriée à chaque stade.
Le Covid 19 dit-on évolue en 3 stades principaux qui sont :
- stade 1 : introduction du virus sur le territoire ;
- stade 2 : propagation du virus sur le territoire ;
- stade 3 : stade épidémique, circulation active du virus dans le territoire.
La communication du MINSANTE en date du 06 mars 2020 annonçant le premier « cas confirmé » de Covid 19 situe le début du stade 1 au 24 février, stade qui pourrait être étendu jusqu’au 27è (voire plus ou moins: choix arbitraire et hypothèse de travail) à la suite de l’accueil des concitoyens venant de l’étranger qui ont été considérés comme « Cas suspects », d’où leur mise en quarantaine.
Il est à noter to de go un soupçon de défaillance de la surveillance mise en place pour n’avoir pas considéré ce premier patient et d’autres dans son cas comme « cas suspects » dès leur entrée dans le territoire devant être suivis dans leur évolution en « cas possible » avant d’atteindre le stade de « cas confirmé ».
La dynamique n’était pas encore mise en place, car le suivi strict et le traçage devait se faire dès déclaration de l’OMS en date du 30 janvier. Tus les entrants depuis ce moment auraient dus être considérés cas suspect, à mon humble avis.
Ce cas n’a sans doute pas assez alerté les responsables pour la prise de premières mesures nécessaires qui devaient être une prompte fermeture des frontières qui surviendra peu après (pas assez tard à mon humble avis) et le cas échéant un contrôle strict des entrants suivi de leur mise en quarantaine.
La gravité de la menace n’aurait pas été communiquée ou perçue à sa juste mesure aux autorités administratives et sanitaires, aussi m’étais-je offusqué de l’attitude débonnaire et « irresponsable » du Gouverneur de la Région du Littoral à la réception des « bombes » coronariennes potentielles. Et estimé en son temps que le confinement aurait dû se faire à l’aéroport (les frontières étant déjà fermées), disposant d’assez de halls et d’infrastructures pouvant accommoder 200 à 500 personnes, le reste n’étant que question d’organisation avec ses rattrapages. Le reste, on connaît.
Et le compteur se mit en marche, si bien qu’à 27 cas, alors que le Ministre de la Santé faisait appel au bon sens des voyageurs ayant déserté du confinement, je l’interpellai violemment sur ce que je qualifiais de louvoiement pour une attitude condamnable et de laxisme ou refus de convoquer ou faire venir manu militari au besoin ces kamikazes de la santé. J’avisais alors : « don’t gamble with our life ».
Je devins bouche bé en me promettant de réagir lorsque le compteur afficherait 270. Non sans espérer qu’il n’y arriverait pas. J’entamerai la rédaction de cet article alors qu’on s’y approchait, on était déjà à 200 cas.
Puis soudain, l’annonce du 270è et plus tomba comme un couperet et j’arrêtai la rédaction pour me consacrer à la modeste tâche de sensibilisation et de partage d’expériences lues dans les réseaux sociaux, à travers la création d’une page Facebook dédiée : #OurHealthMatters, #NotreSantéCompte.
Mon regard fut donc tourné vers les interventions du MINSANTE avec l’œil d’un exercé pour y déceler un professionnalisme garant de notre sécurité sanitaire.
Avait-il une stratégie en bonne et due forme ?
Les stratégies n’ont pas vocation à être publiques, mais traduites en opérations dont les articulations en appellent à l’information, formation et contribution de différents acteurs et du grand public.
Les stratégies et les plans d’actions qui le sous-tendent ne se mettent pas en œuvre tous seuls, mais à travers un dispositif organisationnel qui en pareilles circonstances devrait être centralisé, déconcentré, coordonné, structuré et inclusif. Loin toutefois des incantations des partis politiques qui peuvent contribuer sans nécessairement s’asseoir autour d’une table ronde. La table des interventions d’urgence est rectangulaire, voire triangulaire.
Je repartis dans ma documentation pour jeter un coup d’œil sur l’une des nôtres appropriée contre un type particulier de bioagresseur exogène et/ou endogène. Pour mieux imaginer la complexité du cas présent.
Le Gouvernement a essuyé des critiques sur cet aspect organisationnel qui n’était pas assez lisible ni visible.
Son dispositif organisationnel n’est pas très clair, et le dispositif opérationnel tel qu’il nous est apparu comporte 3 composantes dont des équipes de détection, celles d’intervention et d’évaluation rapide pluridimensionnel, et les unités d’isolement et de traitement. Dispositif qui a peiné à se dessiner au yeux du public. Le gouvernement était sans doute silencieux car il travaillait.
Quant à la stratégie en matière de coronavirus, elle a pour objectifs :
- limiter l’introduction du virus ;
- freiner sa propagation sur le territoire en s’assurant de la détection rapide de patients suspects et le cas échéant, leur classement en cas possible ;
- isoler et traiter les patients classés cas confirmés dans les structures de santé.
Pour cela, trois principaux axes stratégiques dont les deux plus indiquées que le Cameroun essaie de mettre en place avec des tergiversations ou la prudence qui interrogent à tort ou à raison sur la pertinence et l’efficacité du plan d’action opérationnel qui les sous-tend.
1) Le Confinement/Endiguement
Le confinement est de « la solution la plus fiable pour casser la chaîne des contagions et à terme endiguer l’épidémie ».
Elle commence par la fermeture des frontières, mesure dont nous avons indiqué supra le louvoiement du gouvernement pour des raisons plus ou moins « stratégiques ». J’y ai personnellement perçu le piège du renvoi de la CHAN qui ne devait pas découler de la seule initiative du Cameroun. Quelqu’un me rétorquera que la jurisprudence du Maroc nous mettait à l’abri des désagréments éventuels.
La gestion des risques découlant de leur identification suivie de leur appréciation prend en compte plusieurs paramètres et intègre une pénalité à payer en cas de mauvaise appréciation du risque.
Le confinement partiel a finalement été instruit, sans compter avec l’indiscipline caractérielle et caractéristique des camerounais. La progression de la maladie découle sans doute des limites de cette mesure sans autre actions significatives derrière au tout début. J’avais imaginé et pérorer sur un confinement total par intermittence, intervalle de deux jours au cours desquels une désinfection générale des moyens de transport, des infrastructures et routes serait organisée. Les images des véhicules de pulvérisation en Chine ne cessaient de défiler dans ma tête, comme celles que nous avons effectuées dans notre cas avec des moyens appropriés et Up-to-date. Je préconisai ainsi l’adaptation de certains véhicules par le Génie Militaire, n’ayant pas de temps d’en commander en Chine.
Le débat sur le confinement total achoppait sur des arguments à mes yeux triviaux et fallacieux : nombreux camerounais vivent au jour le jour. Faut-il pour autant opter pour leur mort en ces jours ?
Et j’ai posé la question de savoir combien étaient morts durant les villes mortes là où elles avaient été rudes.
J’avais demandé combien de personnes mettent le nez dehors lorsque les balles sifflent, pourtant mais moins insidieuses que les virus.
Le port des masques ou cache-nez fut l’objet d’un autre atermoiement avec des messages inappropriés les décommandant au grand public, ce pourquoi j’intervint pour mettre en relief les deux fonctions des masques qui les rendent utiles pour tous : se protéger et protéger les autres contre le virus.
Puis les regards étaient tournés vers l’Etat pour des ravitaillements sans se poser des questions sur notre prédisposition à faciliter cette tâche ardue.
Et j’ai cru voir jeté sur notre face notre faillite à adapter notre sociologie aux exigences et avatars de la vie « moderne ». J’ai cru noter nos paradoxes de modernisants aux idées figées voire rétrogrades, conséquences de nos inconséquences. J’y reviendrai plus bas.
Le Confinement total a réussi en Chine. Il faut aller chercher les raisons dans sa culture.
2) Les tests massifs suivis de la mise en quarantaine
Le Cameroun met aussi en œuvre cette stratégie mais de façon dilettante et très parcellaire.
Ces tests dit massifs avec une limite temporo-spatiale sont suivis de prise en charge rapide des séropositifs et accompagnés de la sensibilisation et du renforcement de l’expertise locale.
Les moyens ne permettent sans doute pas d’effectuer 300.000 tests par jour comme la Corée du Sud qui a connu un succès avec ladite méthode. Lorsqu’elle a été annoncée à Douala, je me suis demandé « et puis quoi pour le reste de la zone testée après l’exfiltration séropositifs ? ». Les tests y seront-ils quotidiens puisque les sujets asymptomatiques pourraient développer la maladie un ou plusieurs jours après les tests ponctuels ? Qui plus est, les sujets de cette zone sont appelés à se déplacer vers des zones à risque, à moins de déclarer la leur indemne et la mettre en quarantaine : personne n’entre, personne ne sort.
Qui plus est, les technologies de traçage des citoyens par smartphones, cartes de crédit ou la vidéosurveillance sont inexistantes ou peu opérationnelles, mais surtout la volonté de les implémenter est quasi absente. Ce sont ces technologies qui garantissent le succès de la stratégie de tests massifs et quarantaine. Des initiatives dans ce sens ont commencé à naître, qu’il fallait promouvoir.
3) L’immunité collective ou immunité de groupe
Cette stratégie n’est pas encore envisagée ou alors pratiquée à quelque échelle par le Cameroun, du moins tant qu’un vaccin n’est pas encore trouvé.
La mise en œuvre de ces stratégies
Qu’est ce qui marche et qu’est ce qui cloche encore ou a cloché dans la gestion du Covid 19 au Cameroun ?
Je m’hasarderai à quelques conjectures.
Le dispositif organisationnel et opérationnel, HARDWARE de cet écosystème, est sujet à beaucoup d’interrogations ?
Le Ministère de la Santé, au delà de la surprise mondiale qu’est le Covid19 avait-il les capacités ou s’était-il préparé à faire face à une épidémie de la sorte ? La réponse ne peut provenir que de l’intérieur.
Dans ce genre de cas, ce n’est souvent pas faute de carence d’expertise et d’initiatives, mais les lourdeurs administratives et absence de vision stratégique des décideurs suffisent à saper l’enthousiasme et les efforts des experts. Surtout dans des cas inédits comme la pandémie de corona virus.
Le dispositif de veille sanitaire a pu et dû analyser le signal d’alerte depuis la survenue de l’épidémie en Chine (nous l’espérons afin de nous rassurer), analyse sur les critères de gravité (caractère épidémiologique et pandémique), analyse sur le critère de sa diffusion (mode de transmission, contagiosité de personne à personne, déplacement des personnes et des biens). Rien de magique à cela.
Toutefois, il n’est pas moins sûr que le critère le plus déterminant ait été de tout repos. La capacité à faire face à l’épidémie du fait qu’elle était inédite et le corona virus nouveau:
- capacité diagnostique : investir dans un chose qui ne sert à rien est contre-productif. Il est donc normal qu’au départ, seul le Centre Pasteur ait été capable d’effectuer les tests. Le gouvernement ne peut donc être blâmable pour ses capacités de diagnostic du Covid 19 à l’éruption de l’épidémie.
- capacité de prise en charge : idem pour la capacité de prise en charge. Le Covid déjà presqu’inconnu n’avait pas donné rendez-vous.
- capacité d’application des mesures de contrôle et
- capacité à communiquer : ici, pas d’excuses, il y a à redire. Dans les cas à notre connaissance, une stratégie de communication assortie d’un Plan média sont des articulations de la stratégie de riposte.
Sans oublier les capacités organisationnelles et opérationnelles qui déterminent le succès ou l’échec de toute campagne d’intervention. A cause de facteurs exogènes à une administration technique et du haut degré de politique devant y intervenir, les responsables ont souvent les marges réduites et se retrouvent très souvent en position de colmater les brèches et parer au plus urgent.
Il y va en ce moment de leur ingéniosité et capacité à prendre les risques avec risque de se faire taper sur les doigts.
Le Covid 19 a sans doute été le révélateur interne des manquements, défaillances et insuffisances de la mise en œuvre de la stratégie sectorielle santé, elle qui établissait l’inexistence de Plan Intégré de gestion des épidémies, ni de laboratoire de haut niveau de sécurité biologique. La situation a t-elle été remédiée entre temps ? Rien ne nous permet de l’affirmer. Le retour d’Expérience de la gestion des épidémies antérieures et des zoonoses a t-il enfin permis une meilleure préparation à la gestion des épidémies qui devait permettre la mise en place d’une structure pérenne de riposte pourtant préconisée par le Guide Technique National pour la surveillance intégrée des maladies et la riposte ?
Nous n’en voyons pas de loin la manifestation, face à ce qui a semblé être la cacophonie.
Le Dispositif de veille stratégique organisé autour de l’Observatoire national de la Santé Publique a t-il bénéficié de ressources financières et technologiques susceptibles de garantir l’efficacité de ses missions ?
Le Centre des Opérations d’urgences participe t-il de ce dispositif auquel cas un pan des ressources technologiques aurait été assuré. Quid du reste ?
Une épidémie comme le Corona virus interpelle tous les segments et l’organisation de la société et met à nu notre incapacité à « penser le réel et le devenir social », « d’inventer notre avenir » sur la base de « valeurs essentielles de Liberté, de Créativité, de Raison comme valeurs normatives, du point de vue du développement des individus autant que du point de vue de l’organisation de la totalité sociale nationale ».
Les limites du contexte et de l’environnement
Un confinement général est buté à notre indiscipline de population qui n’est pas encore entièrement entrée dans la république (des blancs) qui a surplombé nos micro-nations respectives, l’Etat moderne et le NGOMNA étant encore perçus comme des greffes qui ont mal à prendre.
L’organisation de la société sur une base communautariste met paradoxalement les chefferies, surtout des villes, en marge du processus de développement par effacement au profit de l’administration qui a réduit les chefs de villages en auxiliaires pour l’exécution de tâches plus ou moins superflues et non comme base réelle de la structuration de la société globale.
Ces entités auraient été d’une grande importance dans l’organisation de ravitaillements par zonage (blocs, quartiers) en leur sein, et la différentiation des familles les plus nécessiteuses. La solidarité jadis fierté des africains s’en trouverait renforcée et le vivre-ensemble conforté. Facilitant et allégeant ainsi la tâche de l’Etat providence qui resurgit dans l’esprit de nombreux citoyens plus ou mal intentionnés.
L’Etat peut par contre utiliser les projets comme le Projet Filets Sociaux qui doit avoir un répertoire de pauvres et démunis dans le pays, pour l’acheminement prioritaire de l’aide.
La décentralisation y trouverait un meilleur terreau et maillage permettant une intervention efficience des collectivités territoriales décentralisées qui dans le cas d’espèce devaient constituer le premier maillon institutionnel (Base de terrain dans notre langage) du dispositif opérationnel de riposte.
En relation avec le ministère chargé des transports et les syndicats des transporteurs, les taxis et mototaxis seraient répertoriés dans chaque arrondissement pour des besoins d’organisation interne du transport en cas de quarantaine par zones. Ce qui participerait d’une géolocalisation globale des moyens de transport pour des besoins de sécurité et de traçage en cas d’infection.
Ceci pourrait également aider en cas de mesures d‘accompagnement des opérateurs dudit secteur en matière d’allègement sélectif du coût du carburant par exemple, avec un système de Tom-Cards. Mesure qui ne pourrait bénéficier alors qu’aux opérateurs en règle. Ce qui en inciteraient nombreux à se mettre en règle, l’Etat engrangeant en passant quelques revenus non sans mettre de l’ordre dans le secteur des transports.
Bref, le Covid 19 devait être cette l’occasion qui, l’urgence et la nécessité aidant, devait faire passer certaines réformes d’assainissement et d’organisation autrement difficiles à accepter en temps normal.
Avec en fond la généralisation des paiements électroniques sur fond de numérisation de la plupart des actes et opérations. L’Etat pourrait par exemple sommer les banques où sont logés les salaires de ses agents de permettre les transferts de fonds auprès du Mobile Money comme le font déjà certaines. Ainsi que les boutiques à se munir des terminaux de paiement.
Revenant à la gestion directe de l’épidémie, nous avons commencé avec le parallèle avec le Ministère de l’Agriculture.
Nous conclurons de même en indiquant que la nature très sensible et politico-stratégique de la lutte contre les épidémies humaines rend la tâche du Ministère de la Santé plus difficile et étriquée.
Il est donc difficile d’y laisser de larges marges aux technocrates comme dans la gestion des ravageurs des végétaux. Toutefois, un dispositif de base sous forme de programme avec une certaine autonomie de gestion même uniquement technique trancherait avec la logique du Chef pour les mécanismes de veille et d’intervention précoce qui s’accommodent mal des tergiversations et calculs d’intérêts diverses.
Les planifications stratégiques et opérationnelles dont aurait charge ledit Programme doterait le pays de stratégie et plans prêts à être adaptées selon les circonstance pour une réactivité efficace.
Des success story existent qui peuvent inspirer des initiatives « dimensionnables » à plus grande échelle.
Je communiquerai sur des cas vécus en temps opportun. Non sans laisser entrevoir une esquisse de schéma de structure organisationnelle élaboré en prévision de la lutte contre le plus dangereux des bioagresseurs dans la santé végétale.
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