My Shareway to the World

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Pourquoi je n’ai pas suivi Me Akere Muna

Pourquoi je n’ai pas suivi Me Akere Muna

 

Pourquoi je n’ai pas suivi Me Akere Muna dans sa quête de solidarité pour les anglophones auprès des francophones avec le terme « je suis anglophone ».

D’abord, je ne suis pas un suiveur ou un suiviste, un grégaire ou un mouton de panurge.

 

J’en suis un qui OSE ne pas suivre le troupeau.

 

Ensuite, la cause anglophone, je ne la découvre pas au détour du « upsurge » ou « outbreak » des tensions actuelles, toute personne qui a la capacité d’essayer de se mettre à la place de l’autre et qui a cheminé avec lui devrait dès le premier contact, déceler le problème dont il souffre et faire preuve d’empathie si la solution n’est pas à sa portée.

 

Ce n’est pas aujourd’hui que ce malaise a commencé.

 

Je n’ai pas suivi Me Akere Muna parce que je pense être, malgré qu’il soit au milieu du problème, je pense être disais-je, en avance sur lui sur quelques aspects.

 

Les valeurs de la culture anglosaxone, mes arrière-grands parents les ont connues, reconnues, admirées et implémentées, au point où l’anglais a le plus influencé leur langue que le français.

Que l’anglais a été leur langue avant l’allemand et le français.

Qu’ils en sont arrivés à angliciser leurs noms ou obtenir des surnoms anglicisés des cytoyens de la Reine, ainsi que des titres de King. 

Le mien s’appelait Looking Glass Bell Moudoumbou Edjangue, signataire du traité Germano-Duala ou Kamrunais.

 

Qu’ils ont commis la « légèreté » de demander l’abandon de leur souveraineté (avec la complicité des religieux anglais) à la Reine d’Angleterre. La suite est connue.

 

Qu’ils n’ont jamais accepté la tutelle française et ont demandé avec insistance celle anglaise qui leur a été refusée.

 

Que ces explorateurs ou commerçant anglais n’ont souvent pas tari d’éloges et d’admiration pour mon peuple, son organisation et l’état de sa ville.

« En 1826, Jackson est frappé par l’ordre et la propreté d’Akwa-Town … avec ses deux rues parallèles, larges de 10 yards et longues de 250’’ ».

Le Consul Hutchinson écrira : « Rien ne m’a paru donner une meilleure idée de la différence considérable qu’il y a entre les gens de Kalabar et ceux de Kameroon, que la remarquable propreté des rues de cette dernière localité. Elles sont parfaitement de niveau et on les balaie chaque soir après le coucher du soleil ; elles peuvent rivaliser sous ce rapport, avec ce que l’on voit de mieux dans n’importe laquelle des villes hollandaises que l’on traverse en remontant le Rhin » (In J. Bouchaud, La côte du Cameroun dans l’histoire et la cartographie, des origines à l’annexion allemande.

 

La rigueur anglaise puis allemande, s’ancrant dans mon substrat culturel de Sawa, ont donc forgé une personnalité qui ne s’ébranle pas face aux contingences nombrilistes et stigmatisation fébriles.

 

J’ai en plus la chance d’appartenir à une communauté qui partage les mêmes valeurs culturelles et le même sang que ceux qui ont eu cette « chance » de connaître une culture plus ouverte à la modernité, les South Westeners. Quoi de plus normal que je sois touché lorsque mon frère l'est.

 

Ma fierté de Kameroonais, je ne la tire donc pas du colon, mais de mon essence qui était prédisposée à intégrer les apports enrichissants extérieurs.

Mon vœu aurait été que mon pays fit le meilleur choix des deux cultures d’emprunt dont la providence l’a gratifiées. Mais je sais que dans la vie, tout est question de temps, et j’ai la ferme conviction que ce pays tôt ou tard deviendra un pays tout ou en majorité anglophone.

 

Anglophone dans le sens de la langue et la culture, sans pour autant diluer la problématique actuelle dans la notion de langue, ne m’échappant pas qu’il est d’abord et avant tout une question de territoire et non de peuple.

 

Car que signifie anglophone/francophone ?

 

On devrait donc mieux parler de « English born/French born »,  pour tacler le problème dans sa racine qui est un problème d’équité entre deux parties séparées par un autre accident de l’histoire et qui se sont retrouvées par la volonté des Kameroonais.

 

Je ne pouvais pas suivre Me Akre Muna, car sa démarche semblerait indiquer qu’il serait le précurseur de la solidarité des French born pour les English born.

 

Car ce serait avoir la mémoire courte que dans la fraternité des Kameroonais et leur quête du vivre ensemble dans leur ENSEMBLE Kameroonais, au moment où le Southern Cameroons était le maillon faible tant du Nigeria qu’à côté du Motherland La république, il s’est trouvé des French born qui ont couvé, coaché et porté la lutte de leurs frères sur tous les fronts: social, sanitaire, scolaire, politique, administratif etc.

 

Que lui rappelle, à Me Akere Muna, les noms de Dr Dibue, « l’éminence grise et pourvoyeurs de fonds au KNDP » ?  « Le chef occulte » des Foncha d’après qui « le Docteur Dibue restait l’âme de leur action. C’est grâce à lui qu’ils tenaient encore », dont la « maison restait ouverte jour et nuit aux hommes politiques locaux, moins instruits, plus modestes, moins considérés par les autorité anglaises et qui y venaient pour chercher conseils, secours de toutes sortes ».

Que lui rappelle le nom de Dr Epalle, un autre French born parmi tant d’autres, et même le francophone Paul Soppo Priso dans le soutien de la lutte pour la réunification aux côtés de Chief Mukete, Tamenjong, Ndoumou et Jacques Kissob ?

 

Avant l’appel de Me Akere Muna en 2017, des francophones avaient donc déjà été anglophones. Dans tous les sens du mot, et surtout selon la connotation actuelle.

 

Les francophones ont été anglophones en 1992 lorsque dans une grande majorité et sans appel particulier, ils ont voulu porter Ni John Fru Ndi au pouvoir. Je n’avais pas personnellement voté pour lui ni pour un autre candidat pour la simple et bonne raison que je me trouvais en Grande Bretagne. Mais poste radio à l’oreille même en chemin de l’école, nous étions anxieux et au bord du « dream come true ».

J’ai assisté aux réunions avec la communauté camerounaise à majorité anglophone pour protester contre ce que certains ont qualifié de « hold up », et aurait pu faire partie des délégations qui allaient à la rencontre des parlementaires Britanniques pour leur expliquer la situation du Pays. Si  mon orgueil et mes principes ne m’avaient retenu, qui veulent que les problèmes de mon pays soient ceux de mon pays.

Mes arrière-grand parents par naïveté ou forfaiture avaient approché la Reine plus d’une centaine d’années avant, je leur en tenais encore un peu rigueur. Je me serais senti plus traître à mon pays, nègre de service qu’ils l’ont été, eux. Si tant qu'ils l'aient été.

 

J’avais contribué financièrement à l’achat d’une imprimante au Chairman lors de sa visite subséquente au Royaume Uni, et ai eu une lettre de félicitation signée… de lui ?

 

J’avais rencontré et discuté longuement avec Albert Mukong qui m’avait dédicacé son livre « My stewardship in the Cameroon struggle », et ai encore pris faits et cause pour cette bataille pour les enfants d’un pays et au sein de ce pays. Sans toutefois épouser toutes ses thèses.

 

Je ne suis donc pas Homme à arpenter les entiers battus.

Je me suis toujours senti Kameroonais au même titre que celui qui est ou se dit anglophone.

Je ne fais qu’exprimer les valeurs culturelles de mon peuple en français, sans prétendre être francophile.

Je suis si fier de mes origines et de ma nationalité que je les exprimaient même chez les britanniques, en maintenant mon habitude d’arborer mon pagne les week-ends, sauf en hiver. J’émettais le vœu que les compatriotes, surtout ceux du Nord-ouest avec leur bel accoutrement, en fassent de même lors de nos rencontres mensuelles. Ils n’appréciaient que le mien, sans suite.

 

J’ai longtemps épousé la cause anglophone ce d’autant plus que je mesure la perte de ma communauté -tant qu’il faudrait faire du nombrilisme- depuis que le jacobinisme a pris ce pays en otage et que la politique du Triangle Equilatéral que Me Akere Muna et d’autres n’ont pas dénoncée a mis en marge les « tribus »/groupes non dominants.

 

Ce n’est plus de ce pays qu’ont rêvé mes ancêtres.

 

Mais dans la vie, il faut s’accommoder de toutes les situations et ne point les épouser lorsqu’elles ne se marient pas à ses valeurs, puis lutter activement ou passivement, prier pour des lendemains meilleurs.

 

Sans remettre en cause l’architecture globale. Surtout si je ne l’ai pas bâtie. Qui peut détruire ce qu'il n'a pas construit?

 

Je ne suivrai pas Me Akere Muna car, au-delà de ses droits et devoirs en tant que citoyen et son privilège de leader d’opinion, j’ai un problème avec lui "and the Like".

 

Je ne le stigmatiserai pas comme ses supports calculateurs le font avec Mathias Eric Owona Nguini par rapport à son géniteur, encore que ses distances sur plusieurs points de ce dernier sont de notoriété publique, mais la posture et la stature de me Akere m’emmènent tout de même à faire un rapprochement pour la recherche de la cohérence.

Je ne parlerai pas de celui qui a sorti grand les yeux de ses orbites pour effrayer les enfants de pauvres devant les caméras de télévision et en mondovision en relation avec l'école.

 

D’abord pour revenir sur son appel aux French born, en rapport à ce qui est dit ci-dessus. Pour rappeler ceci : « Dr Dibue was also the brain behind Solomon Tandeng Muna’s departure from the KNC. A deal was concluded between S. T. muna and Dr Dibue, which led to some MATERIAL COMPENSATION for S. T. Muna to switch from the KNC for KNDP. The deal leading to Muna to switch from the KNC was at the request of J. N. Foncha and involved the EXCHANGE OF MONEY. Accordng to Gottlieb Lobe Monekosso, Dr Dibue made financial sacrifices more than any other French Cameroonain to let J. N. Foncha and the KNDP propagate the reunification option”.

 

Mieux que le simple slogan, un French born a consenti d’autres sacrifices pour ses frères. On sait par ailleurs que l’un des frères de Me Akere Muna épousera la fille de Dr Dibue: Dash ?

 

Plus près de nous, lorsque l’UPC suppliait les leaders « anglophones » de ne point accepter le référendum de « Ahidjo », personne n’a bougé le petit doigt, et encore !

 

Avait-on appelé l’UPC à dire je suis anglophone ?

 

Les enfants de l’honorable S. T. Muna ont érigé une fondation en mémoire de leur père. Est-ce parce qu’il était un bon père ou pour l'ensemble de ses œuvres pour la nation  entre autres ?

Etre en pôle position du négationnisme et nihilisme du chemin parcouru par le pays ne le met-il pas en porte à faux avec la mémoire de leur géniteur qu'ils gravent dans la mémoire collective?

 

Ils sont pourtant libres de se démarquer et de se faire remarquer. Mais il m’est arrivé à moi, malgré la totale positivité des œuvres de mon géniteur dans sa communauté, de me sentir l’homme d’une situation, la déclencher mais agir en back office pour lui donner toutes ses chances de réussite, car il s’en trouvent toujours des jaloux et envieux qui ne me jugeraient pas « by the content of my character », mais qui verraient la face de mon père à la place de la mienne.

Pourvu que le but soit atteint, peu importe par qui: telle est ma devise en pareille circonstance.

   

Enfin je ne pouvais pas suivre Me Akere Muna car cette crise a tourné en vrille et les pêcheurs en eaux troubles ne cessent de la troubler. Les adeptes de la stratégie de la terre brûlée sont à l’œuvre et se servent de la crise anglophone pour cheval de Troie.

Le nombrilisme a pris le dessus et le fétichisme pollue le combat. Comme lors de la lutte d’indépendance, le dévoiement de la cause produit les mêmes effets, tout comme l’exacerbation de l’ethnofascisme a fait raidir les positions et dévoyer la seconde chance de libération du peuple Kameroonais dans les années 90.

 

Je prends donc mes distances et attend les lendemains meilleurs pour dire je suis Kameroonais.



27/08/2017
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