Mon Soliloque pour le Grand Dialogue National
Voici venu le Grand Dialogue National
Le Cameroun est à la croisée des chemins de son destin, comme dans le parcours de toute nation, et surtout celles en construction.
Il appartient à son pilote de cerner et emprunter la bonne direction. Il appartient à ses responsables et au peuple contemporain de redécouvrir sa mission et poser les bases de son accomplissement par leurs fils ou la trahir.
Le gouvernement et le système gouvernant actuel sont dos au mur et au pied du mur, pour accomplir un « compromis historique » susceptible d’évacuer le vrai/faux problème anglophone qui a conduit à la crise anglophone qui a fissuré les murs et menace la fondation de l’édifice Cameroun/Cameroon.
Quant au fameux faux/vrai « concontentieux historique » que certains nostalgiques ou nationalistes clament à tort ou à raison et que les ultra-nationalistes claironnent à cor et à cri, à hue et à dia, avec verve ou vertement, il risque encore attendre, l’agenda du Grand Dialogue National n’ayant pas prévu des joutes oratoires un tant soi peu oiseuses.
Les héritiers de la colonisation ont une occasion de coudre un autre habit qu’ils mettront au dessus ou troqueront contre celui que certains leur ont cousu et habillé : « aujoulatistes », « néo-colons », « colonial puppets » et je ne sais quels noms d’oiseaux.
Le Cameroun ne mourra pas pour renaître, mais il muerait pour se revitaliser.
Cet agenda des organisateurs, du moins le visible, ne prévoit pas explicitement l ‘examen des « root causes » du « soi-disant » problème anglophone, mais ce point ne manquera pas à s’inviter car figurant dans l’agenda caché de certains participants, et à raison.
Point besoin donc de l’occulter, au contraire, il faut l’aborder avec courage et connaissance de cause, car il y figure de nombreux échafaudages qui s’écrouleront comme un château de cartes. Comme des distorsions qu’il faudra redresser sans états d’âmes. Il y a aussi des non-dits qu’il faudra dire et évacuer.
Le débat est donc circonscrit à la crie anglophone comme point central, mais cette crise comporte les éléments dont la résolution irradiera tous les pans de la vie de la nation.
Et c’est en cela qu’il cesse d’être un problème anglophone (ou qu’il ne l’a jamais été selon la compréhension de certains) pour devenir un problème national. Un problème national qui se pose avec acuité auprès des ressortissants de la zone anglophone du pays, au regard de ses spécificités culturelles et ses pratiques institutionnelles, juridiques et administratives.
Mon opinion sur les fondements de cette crise avait déjà été exprimé et publié ( ), point n’est besoin d’y revenir sinon de renvoyer à sa lecture.
Aussi vais-je directement aux propositions de solutions aux questions saillantes en ,e réservant d’aborder les aspects politico-politiciens.
S’il m’avait été demandé de faire des propositions, je les résumerais et hiérarchiserais comme suit :
Solution 1 : le nom du pays
Le changement du nom du pays peut paraître banal et non prioritaire pour des esprits peu avisés, mais est au centre de la réconciliation historique et socio-politique du pays envers son histoire et son destin. Il répond à un des pans du « problème anglophone » ouvertement exprimé par les concernés.
Il est l’une des récriminations majeures de nos frères qui dissimule le débat sur les «accords de Foumban», la soi-disante violation de la constitution fédérale par le référendum de 1972 et les accusations fallacieuses de « sécession » par le Chef de l’Etat en revenant au nom Cameroun, comme si celui de Cameroon ne comptait pas. Toutefois, il faut reconnaître que ce nom porte a minima à équivoque, et nos frères peuvent avoir raison. Il faut donc les écouter et comprendre.
Le nom du pays (je me situe à son origine « originelle » et ses évolutions subséquentes a connu beaucoup d’évolution, jusqu’à celui actuel qui fait polémique et qui participe des raisons du « problème » anglophone. Le terme anglophone compris bien entendu comme compatriotes des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, de l’ancien Southern Cameroon, de l’ancien Cameroun occidental.
Lors de l’adoption de la constitution de 1996 consécutive à la tripartite, spectateur dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, j’avais été très déçu que mon vœu de voir rebaptisé le nom du pays sous l’appellation KAMERUN qui ferait l’unanimité ou tout au moins ne prêterait pas à équivoque et couperait l’herbe aux pays de ceux qui voient en la « Republic of Cameroon », La République tout simplement.
Ce nom d’inspiration allemande appartient à tous et renvoie à une seule entité. Il n’est pas la propriété des UPCistes, en référence à la fébrilité des héritiers du colon. Mais ils ont le crédit de l’avoir sacralisé.
Et les Anglophones l’ont par ailleurs mieux valorisé que tous. Le réfuter aujourd’hui confirmerait que ces derniers ne veulent pas entrer dans LA république, mais rentrer dans les républiques, que dis-je, dans le territoire.
Et si l’on voudrait effacer toute trace de colonisation, alors il faudra puiser plus profond et ironie du sort, revenir à une appellation anglaise qui devra s’appliquer au français : CAMEROON, tout simplement (République du Cameroon-Republic of Cameroon).
Car le Kamerun, Cameroun, Cameroons ont été CAMEROON avant le « colon » allemand, la séparation et le colon français, puis la République. Peu importe si ce n’était pas un état colonial ou indépendant. Ceux qui me parleront du protectorat puis de l’Etat pour nuancer ces propos, je leur parlerai de continuité. Sinon …
Je n’accorde aucune importance aux révisionnistes complexés qui trouveront à redire d’un nom conféré par des étrangers. Qu’ils commencent à apprendre l’origine de leurs ethnonymes (ils seront surpris et réfuteront leur origine « coloniale » - quote me anywhere and any time- et les changer.
Sous-jacent au nom du pays, est le débat sur la forme de l’état, qui trouve sa justification sur « la critique de l’Etat centralisé » et « le transfert des centres de décision à Yaoundé, loin des populations et de leurs problèmes ».
Pour moi, c’est un débat périphérique par rapport au problème anglophone, même si certains veulent le placer au centre.
Seul le Peuple souverain et maître de son destin devrait se prononcer sur la forme de l’Etat, et non ceux qu’il n’a même pas mandaté. Le point peut donc être débattu, mais ne prêter à aucune conséquence pour laisser le temps jouer son rôle.
Le régime actuel a opté pour une décentralisation, ne grande partie du peuple réclame une décentralisation effective et poussée, une autonomie des régions. Il appartiendra au régime suivant, élu avec les voix du peuple, d’inverser les opinions pour une autre forme de l’Etat.
Solution 2 : Réparation, mais absolument aucun particularisme « institutionnalisé »
Cettesolution se réfère aux récriminations relatives :
- au «non-respect des engagements relatifs à la prise en compte, de manière équitable, des cultures et traditions institutionnelles, juridiques, administratives…héritées des anciennes puissances administrantes » ;
- au «non-respect des promesses solennelles faites pendant la campagne référendaire » ;
- au «non-respect du bilinguisme dans le secteur public, bien que la Constitution fasse du français et de l’anglais deux langues officielles d’égale valeur ».
Je dirais to de go que je suis foncièrement contre toute mouvance qui accorderait un statut particulier à une quelconque région ou à toute autre entité territoriale. Ce serait semer les germes de discordes futures et des velléités séparatistes au cas où.
Nos compatriotes ont subi un tort qu’il faut réparer, afin de rattraper ou approcher le développement multiforme auquel ils auraient été privé par égoïsme et vénalité des individus, la mauvaise gouvernance à laquelle certains d’entre eux ont participé, mais qui n ‘était pas institutionnalisée.
Ce sont des hommes, des francophones égoïstes et antipatriotes qui ont forgé le centralisme, et n’ont pas su ou pu respecter la spécificité institutionnelle, juridique et administrative, voire faire adopter au niveau national celles des pratiques les mieux adaptées à nos aspirations de libertés et de développement. Fussent-elles anglo-saxones.
Il serait donc temps de faire preuve de clairvoyance et courage, des deux côtés, afin de faire ce qui est juste et équitable.
Tout en évitant des « rentes de situation » sur lesquelles certains vont s’agripper demain pour éviter toute évolution que le temps imposera à nos enfants et petits-enfants. Car il ne s’agit pas de refaire nos vies et rattraper le temps perdu, mais de préparer celles des générations futures en apprenant du temps passé.
En matière de réparation, on pourrait par exemple envisager la mise à disposition d’un fond de réparation/reconstruction destiné aux collectivités territoriales décentralisées dans le cadre de la décentralisation, qui avoisinerait un (01) milliard de FCA par an pendant 5 ans, ou le double si la proposition de l’UDC de mettre à disposition 1 milliard à toutes les Communes était agréé.
De même, le partage des ressources du sous-sol devrait bénéficier directement, selon un quota à définir, aux régions, départements, arrondissements voire villages dans lesquels lesdites ressources seraient puisées. Cette mesure générale aura un autre impact dans la situation actuelle, puisque le pétrole est l’un des carburants de cette crise.
En substance, il s’agira de définir un modus vivendi et modus operandi.
Il s’agirait de donner l’impression ou des garanties non écrites à nos compatriotes qu’ils ne sont pas des faire valoir, mais des citoyens à part entière qui ont aussi e droit de présider aux destinées de notre pays, fussent-ils minoritaires par rapport aux francophones.
Un accord de principe et de parole peut ainsi être pris, par exemple, que le prochain Président de la République soit un Anglophone pour au moins deux mandats (comme l’a indiqué Elimbi Lobe).
Un contrat social qui n’a pas besoin d’être institutionnalisé. Mais qui indiquera que tout le monde reconnaît qu’un tort a été causé et mérite réparation.
Foin donc l’hypocrisie ou le politiquement correct ; l’heure est à la sincérité.
Les délégations régionales francophones sont-elles fait l’aggiornamento pour lâcher un tant soi peu de lest des avantages indus qui participent des frustrations des anglophones en particuliers et des autres en général ?
Le Sud reconnaît-il par exemple qu’il bénéficie de l’iniquité dans la répartition de la représentation parlementaire entre autre qui est mise sous le joug de l’égoïsme des francophones ?
Le Centre-Sud reconnaît-il qu’il a, par népotisme et favoritisme, la part du Lion dans l’Administration et d’autres institutions de la république ?
L’Ouest reconnaît-il que le « grégarisme exacerbé » qui conduit à des monopoles et exclusions sont perçues comme une tare des francophones ?
Le Littoral reconnaît-il que certaines retombées lui bénéficient au détriment de l’outre Moungo ?
L’Est, quant à lui, se pose aussi des questions.
Les citoyens, chacun et tous, reconnaissent-ils être partie du problème de la marginalisation, ostracisation de leurs frères ?
«You want to make [Cameroon] a better place, take a look at yourself and change».
En résolvant le problème anglophone, nous avons les clés de la résolution du problème camerounais.
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