Post Lectionem
Qui a dit que le noir n'aime pas lire? Pas moi. C'est alors écrire qu'il aime? Mais en fait qu'aime t-il enfin?
Ne dites surtout pas que le noir n'a rien inventé. Si oui, changez le temps du verbe ou ajoutez un qualificatif.
Le journal Le Monde a publié cet important numéro hors série qui retrace l'histoire des inventions de l'homme "de la pierre taillée à l'homme augmenté". Avant d'ouvrir la première page de ce chef d'œuvre, je me suis dis "voici encore une occasion où on ne manquera pas d'oublier l'Afrique", voire même de falsifier l'histoire par déformation ou omission. Et je me suis promis de réagir, car le contraire me surprendrais. C'est le prétexte de la création de cette page, un autre devoir de mémoire et droit de réponse.
La lecture continue, et il y a déjà à redire.
Rendez-vous Post Lectionem.
Romantisme ethnologique pour une reconstruction savante de l’histoire du Royaume du Biafra
Romantisme ethnologique pour une reconstruction savante de l’histoire du Royaume du Biafra par Ekwe Mardochée
Evolution et enjeux politiques au centre de l’Afrique du 15è au 21è siècle (cas du Cameroun). Du royaume Basa (Biafra) de l’embouchure du Wouri au renouveau.
Tel est le titre de « l’essai d’ethnosociologie historique » récemment publié par Roger Mardochée Ekwe, l’historien obsédé pour « l’histoire, les évènements et faits historiques » comme le présente son préfacier, le non moins obsédé de la chose publique, le Combattant Mboua Massock Ma Batalong.
Si nous pouvons être d’avis avec le Préfacier que le présent essai traduit l’abnégation et l’ «intensité du travail » de l’Auteur, quant à sa «profondeur et sérieux», nous avons la faiblesse de penser qu’il fallait creuser davantage et être moins facétieux.
Le premier et grand mérite de Ekwe Mardochée est d’avoir produit ce livre, qui est une version enrichie, approfondie et élargie de son premier essai en deux tomes: L’origine Basaa du Ngondo et du nom Sawa et L’origine Basaa du Nom et du Groupe Douala.
Comme je l’avais indiqué dans la critique de ce dernier (voir:http://imuna.blog4ever.com/peuple-residentiel-sawa-bassa-bakoko-douala-histoire-truquee-contre-histoire-tronquee), j’ai un énorme respect pour les producteurs des œuvres de l’esprit. Même à Hitler, j’aurais d’abord tiré le chapeau pour Mein kampf, avant de réclamer son passage au tribunal.
Le mérite est d’autant plus grand que ce compatriote et frère prend le courage de s’aventurer dans la voie sinueuse et glissante qu’est celle de l’ethnosociologie et de l’histoire des peuples d’Afrique Centrale, à cause des persistants écueils (étroitesse) des sources écrites et de multiples énigmes (élasticité) des sources orales. Surtout lorsque les universitaires y vont à pas mesurés, alors que le chemin est long.
Un « tiens » d’un autodidacte vaut donc mieux que deux « tu l’auras » de « personnes présentant des références académiques ordonnancées » (Mboua Massok).
Mais « z’alors »…
Ce travail est d’une intensité par sa revue voire la « reprise » de littérature des relations de voyages et de témoignages des explorateurs, commerçants et esclavagistes européens et de l’histoire contemporaine du Cameroun. La riche illustration cartographique participe aussi de l’intensité de ce travail et constitue un plus pour la lisibilité des autres sources et la traçabilité des repères.
Le livre de 428 pages présente un pan de l’histoire du Cameroun en cinq parties dont:
- la première qui parle sommairement et sans grand enseignement de la période allant de l’antiquité au moyen âge;
- la seconde concerne la période allant du XIIè au XVIIè siècle qui correspond à celle du « peuplement de l’espace qui deviendra le Cameroun ». Ou pour être plus précis, l’espace à partir duquel l’Etat du Cameroun naîtra. Elle constitue l’épicentre de ce travail et sa partie qui prête le plus à controverse, raison pour laquelle c’est elle qui retiendra le plus notre attention et critique;
- la troisième traite de la perte de la souveraineté jusqu’à l’indépendance, et
- la quatrième relate les évènements de l’indépendance à nos jours.
La structuration de ce travail au regard de ces parties, leur poids respectif et en relation avec son fond aurait suggéré d’ajouter le terme « socio-économique » au titre, afin d’indiquer l’évolution et les enjeux socio-économiques qui représentent plus de la moitié du livre. Mais comme tout est politique, admettons.
En réalité, si l’on peut voir l’évolution politique du Cameroun depuis la perte de la souveraineté à nos jours, les enjeux quant à eux sont plutôt ethnologiques et ethnocentristes. Enjeux pour l’appropriation de l’histoire des berges du Wouri et partant du Cameroun en manipulant la nébuleuse du « royaume du Biafra » à la faveur d’une jonglerie plus ou moins grossière sur ses contours spatio-temporels.
Car c’est d’un véritable jeu de « cartes » et de mots qu’il s’agit.
En effet, le Royaume du Biafra est une nébuleuse car nul n’a, en l’état actuel des connaissances, pu déterminer « beyond any reasonnable doubt » son existence réelle « dans le sens strict du terme » sur les berges du Wouri.
Deux thèses contradictoires s’affrontent à son sujet, l’une portée par Joseph Bouchard qui estime que ce royaume est imaginaire, et l’autre par Dika Akwa qui en atteste l’existence, non sans atténuer sa position en écrivant que « les contours de Biafra restent à cerner. […] Il a connu son apogée puis s’est évanoui dans la nuit des temps au point que la mémoire humaine ne peut s’en souvenir sans restriction ni exagération ».
Restriction, l’auteur n’en a eu cure. Mais exagération, il ne s’en est pas privé.
Lui qui, dans son premier essai, écrivait : « Certes, dans le sens strict du terme, les Basaa du Wouri n’ont pas souvenance d’un royaume sur les berges du Wouri. Toutefois, ils parlent d’un peuple doté d’une organisation qui fut, à l’arrivée des Portugais, simplement considéré comme un royaume ».
Puis « overnigth », comme l’Atlantide, le royaume du Biafra « dans le sens strict du terme » a été retrouvé par Roger Ekwe Mardochée, sans dire s’il était immergé dans les profondeurs du Wouri, ou perdu dans la dense forêt équatoriale, enseveli par la végétation. Et pourtant, était-ce sorcier?
Pourquoi aller chercher « dans la nuit des temps » ce qui est sous les pieds ou dans la mémoire sélective? Et si Ekwe avait eu raison, lui qui parlait « d’une organisation … simplement considérée comme un royaume », l’énigme ne serait-elle pas élucidée ? Après tout, ceux qui (les navigateurs) ont parlé et écrit le mot « royaume » ne l’ont pas approché de près ni étudié, se contentant des observations à distance, des considérations. Il est donc possible qu’ils aient pu magnifier des chefferies comme leurs descendants en ont transformés d’autres en « Kingdom ».
Qui plus est, un royaume en politique étant défini comme « un pays dont le régime est la royauté et le Chef de l’Etat un roi », nous n’y voyons aucune indication de grandeur ou de grandiose. Tout royaume est donc un Royaume.
Ce serait plutôt Dika Akwa qui, dans sa « folie de grandeur », se serait fait plus royaliste que les Rois. Aurait-il perdu de vue que la confédération gérontocratique dont « s’est contentée » la nationalité Bassa du XVè au XIXè siècle dont il parle à l’appui de sources orales de plus en plus crédibles parce que se situant au niveau chronologique dit « niveau historique » est à nuancer d’avec « l’ancien Bassa corrompu en Biafra du IIIè au VIè siècle, la véritable «nuit des temps » qui se situe elle « au niveau légendaire » (15è génération en montant), qui est plus mythes et stéréotypes ?
Va donc pour le royaume du Biafra, tout à fait d’accord avec l’Auteur.
Toutefois, le signalement de « l’ancien Biafra » à « un emplacement qui correspond à peu près au Nord-Cameroun actuel » interroge sur la corruption du terme « Biafra » en « Bassa » comme le dit Dika Akwa.
Je vais d’emblée me permettre une excursion par rapport au texte et contexte du livre pour une incursion dans la géographie anthropo-historique du Peuple Bassa en général, comme je le ferai de temps en temps, afin de rechercher des éclairages pour la compréhension de l’objet sous critique en ayant recours aux traditions historiques, à l’ethnologie comparative et rapprochements généalogiques.
En effet, s’il faut considérer que Bassa dérive de Nsaa, et que d’après les différentes versions généalogiques, (fils de Nnanga dont il porte le nom et surnommé Nsaa selon Thomas Nyemeg, Nsaa Ngombolo et Nsaa Mbit selon Dika Akwa, Nsaa des 9 ancêtres des Bassa qui vivaient à Ngog Lituba selon Joseph Mboui), tous se situent géographiquement à Ngog Lituba ou en deça, donc vers le XIIIè-XIVè siècle.
Avant leur arrivée à Ngog Lituba, lors de leur séjour dans la région de Nditam, la Mittel Kamerun où ils situent leur origine en tant que peuple de même que les Bakoko, Beti-Bulu-Fang et Bati, les Bassa sont connus sous le terme « Mbene ».
Depuis quand ce peuple a-t-il donc pris l’appellation « Bassa »? Depuis quand elle apparait pour la première fois dans la littérature ? Et par qui ?
Etant donné que la généalogie que présente Dika Akwa situe Nsaa au XVè-XVIè siècle ainsi que les écrits de l’Auteur et que Joseph Mboui se réfère à « son » Nsaa comme celui d’Edea et du Wouri, je suis porté à croire comme l’Auteur que ce nom « Bassa » n’est pas antérieur à l’étape de Ngog Lituba, et est probablement né sur les berges du Wouri puis s’est étendu aux autres Mbene par le fait des ethno-linguistes. Un peu comme le terme Bakoko qui serait né sur les berges de la Sanaga-estuaire, et qui s’est appliqué aux Basoo de l’intérieur et autres apparentés, Bakoko du Mfoundi par exemple.
L’auteur se veut plus explicite quand il écrit « né après la traversée et l’installation des patriarches Saa et Lam sur la rive droite du Wouri, ce sous-groupe va prendre le nom « Ba Saa » (les gens de Saa ou descendants de Saa) du patriarche Saa, qui va s’étendre sur la rive gauche et à tout le groupe ».
Mais alors, quid du terme Arbassa ou second Biafra (XIIé-XVè s) à la hauteur du massif de l’Adamaoua et du fleuve Bénoué ? Quid des Bassa du Nigeria, Bassa Mpassou et Bassa Kata du Zaïre, Bassa du Mozambique, Bassa du Libéria et Sierra Leone, Bassari du Togo et du Sénégal ? Tout comme les Akoko du Nigeria ou les Abakoko chez les Abaluyia du Kenya qui par ailleurs viennent du Cameroun ?
Depuis quand et comment ont-ils obtenus ces appellations ? Par qui ? Il y a donc pas mal d’énigmes à élucider.
Ce qui est sûr est que le terme Biafra qui est « inconnu des premiers documents Portugais », apparaît vers le milieu du XVe s. au Nord-Cameroun selon Joseph Bouchaud, une référence crédible pour l’Auteur en ce qui concerne l’histoire des berges du Wouri.
L’auteur semble voir inscrit plus ou moins lisiblement le nom Biafara sur la carte de Lorenzo Portaleno de 1351. Il a sans doute des yeux de lynx. Si tel est le cas, à qui se réfère cette appellation, lorsqu’on sait selon lui et d’autres indications que les Basa s’installent sur les berges du Wouri entre 1469 et 1509 ?
Il faut attendre 1548 pour parler avec certitude de l’apparition du terme Biafara dans les documents des explorateurs, à travers Giacomo di Costaldi.
La présence effective des Basa peut-elle être liée*au toponyme Biafara, en amont du Wouri? Rien n'est moins sûr.
Ce terme semble leur être antérieur.
Tout comme lorsque les Portugais y arrivent en 1472 au moment où ils baptisent ce fleuve Rio Dos Camaroes, on ne peut établir avec certitude qu'ils s'y trouvaient déjà, sinon depuis peu. Les Bassa y sont probablement arrivés au début du 16è siècle.
Il faut mettre en mémoire que si les Bonambedi (Douala) s’installent à l’embouchure du Wouri (donc en aval des Basa) vers 1578, il y a lieu de préciser que les berges du Wouri tel qu’en parle l’Auteur doivent être comprises comme l’espace allant du fleuve Dibamba vers l’amont, l’actuelle ville de Douala. Ce qui appelle une autre énigme à élucider : pourquoi et comment les Ngala-Dwala, en aval des Basaa sur le chemin des navigateurs, ne découvrent-ils les blancs qu’au moment où ils rejoignent les premiers occupants en amont du fleuve Mbende (Wouri)?
Les Basaa sont-ils seuls à s’installer les premiers sur ces berges du Wouri désignées Biafara jusqu’à l’arrivée des Douala? Ont-ils été les « tout puissants » maîtres du champ socio-économique des berges du Wouri jusqu’à leur retrait à l’intérieur de cet espace? Leur influence s’est-elle étendue sur les autres groupes au point où les autres sociétés du Sud-Cameroun aient gravité autour d’eux? Ce ne sont pas des questions, mais les réponses de l’auteur que nous questionnons.
C’est le point de départ du véritable enjeu idéologique que l’Auteur n’a pas su dissimuler dans son livre: « se créer, de toutes pièces, une histoire plus belle que celle des autres ». Le reste n’est qu’habillage.
Aussi allons nous voir comment l’amplitude du Royaume du Biafra variera comme la marée due au flux et reflux des eaux du Wouri, couvrant et découvrant des espaces à temps et à contretemps, emportant et ramenant les faits et les hommes autant qu’en balancent les vagues.
Du grand jeu pour de grands enjeux. Dans un essai dont la partie « roman »- au sens figuré du terme: « histoire embrouillée, compliquée, avec des rebondissements »- ne saurait laisser tout amateur indifférent.
Le romantisme de cet essai commence dès l’avant propos.
« Il est à peu près midi. Sous une pluie battante, une embarcation de fortune accoste sur un banc de sable. De cette embarcation descend un groupe de personnes qui, comme un seul homme se jettent à terre et adressent à leur Dieu une prière de remerciement pour les avoir sauvés d’un naufrage certain.
La prière terminée, le chef de file de ce groupe commence immédiatement l’organisation du site qu’ils viennent de découvrir. À ce moment, personne ne peut imaginer que de ce conciliabule naîtra une organisation qui, au contact des explorateurs va prendre le nom Regnum Biafra, Biafara ou Bascha et donnera naissance à tout un pays, le CAMEROUN ».
A la seconde près, au détail près. Un journaliste embarqué dans les régiments en champs de guerre ne ferait mieux. Nous sommes au XXIè siècle, l’évènement se déroule au XVè-XVIè. De quoi démentir celui qui a estimé que le passé antérieur à 300 ans « des peuples sans écritures » est mythe et stéréotype dans leur mémoire collective, à la suite d’un autre qui en a assigné la limite exacte en profondeur au XVIIè siècle.
Ce chef d’œuvre de narration mérite qu’on s’y attarde pourtant, non sans tomber dans le piège d’une critique inversement proportionnelle au texte. C’est que l’auteur a l’art de condenser des équivoques dans un paragraphe au point d’en conférer l’image d’un sirop. Chaque phrase que dis-je chaque mot est souvent un concentré d’indications heuristiques.
Des clés qui ouvrent les portes de concepts plus ou moins variés et avérés.
Ici, le terme « embarcation de fortune » emmène à examiner les modes de transport de nos peuples qui sont partis de la savane du Mbam-Sanaga vers les berges du Wouri ainsi que leurs routes.
Ces peuples de la marche forestière côtière comme les autres ont généralement emprunté la voie terrestre, traversant occasionnellement les fleuves et cours d’eau, selon les mythes et récits, sur les dos de serpents servant miraculeusement de ponts ou de troncs d’arbre servant d’embarcation de fortune. La navigation sur les fleuves comme le Wouri aurait relevé d’un exploit ou d’une exception, surtout pour un peuple qui n’était pas dit « de l’eau » comme le peuple Bassa.
Leur dernier mouvement les ayant emmenés sur les berges du Wouri en sera, une exception toutefois accidentelle d’après l’Auteur dans un récit non moins romancé: « Après la dislocation du groupe Basa autour de la grotte sacrée, un groupe de personnes de différents lignages dirige sa migration vers le territoire que contrôlent actuellement les Ndokama. Arrivé à l’embouchure de la rivière aujourd’hui connue sous le nom Tondè, une querelle éclate au sujet de la traversée, au terme de laquelle le groupe se scinda en deux tronçons. L’un, sous la direction du patriarche Bong (le père des Bonkeng) occupera la région jusque dans le mongo. Celui qui avait à sa tête un certain Saa déterminé à traverser le Nkam (Lép u Wouri) emprunta un tronc d’arbre transformé en radeau. Mais sous la charge, ce radeau de fortune va chavirer, noyant au passage plusieurs personnes. Ceux qui restèrent agrippés sur le radeau furent entraînés en direction de l’océan où ce dernier échoua sur un banc de sable à l’emplacement actuel de la ville de Douala. Ils sont aujourd’hui à l’origine du sous-groupe Basa des berges du Wouri».
Ce récit suscite quelques interrogations et observations. Quelle était la consistance de ce radeau (pas deux ou trois) qui puisse accommoder « trois grandes familles autonomes » qui prennent d’assaut un « espace réduit » allant du plateau Joss jusqu’à la rivière Mbanya, c’est à dire sur environ 7 km à vol d’oiseau ? L’Auteur avait déjà estimé le nombre des Bonambedi accostant sur les berges du Wouri avec « quelques embarcations » à environ « 8 individus, femmes et enfants confondus ».
Comment des gens agrippés à un radeau peuvent-ils dériver accidentellement sur plus de 30 km sans pouvoir s’accrocher nulle part, sur un fleuve comportant plusieurs bancs de sable, à une époque où il y avait beaucoup « d’arbre à fer » (bois qui durcit dans l’eau) dans l’eau, dans une eau dont la vitesse n’est pas celle d’une cascade ni rapide, en combien de temps pour que l’eau n’ait stagné pour que le reflux (qui les aurait ramené dans le sens de départ) ne succède au flux correspond au jusant (marrée basse), sur un lit restreint à plus d’un endroit, pour finalement échouer sur un banc de sable en ce lieu précis, la Besseke qui n’est pas explicitement nommée dans le récit ?
En réalité, à l’observation de la configuration du milieu, il est plus probable que ce groupe, après la traversée du Nkam vers Yabassi et au regard de son occupation actuelle et continue de l’espace au-delà de ce village Tondè jusqu’à Douala, a dû emprunter la voie terrestre à travers la forêt qui sépare ces deux endroits, s’implantant tout le long du chemin jusqu’au bord du Wouri.
La version de la navigation accidentelle tient sur un fil, si elle n’est pas cousue de fil blanc.
Je n’en crois pas un seul mot. Connaissant ces deux voies fluviale et terrestre.
En passant, l’Auteur ne laisse aucune occasion pour poser un jalon. Un certain Patriarche Bong (père des Bonkeng), ne traverse pas le Nkam et occupe la région jusqu’au Mongo. La syntaxe du nom de ce Bonkeng (Bon + keng) donnera lieu au rattachement de ce groupe et des apparentés: Abo, Bakaka, Bafun, Bandem, Mboo) aux Basa. Ceux-ci ne sont plus des Ngoh et Songo de la grande famille Ngala, mais des Bassa, même si la dynamique ethnogénétique de ces groupes n’exclue pas un métissage.
Mais ne suivons pas cette piste maintenant, au risque de nous éloigner du sujet principal.
J’avais averti que chaque phrase de l’Auteur est une hydre.
Revenons au banc de sable sur lequel l’embarcation de fortune accoste. Est-il aussi une réalité ou une fiction romantique? En réalité, il a l’air d’un nœud pour le greffage d’une autre thèse. Ce banc de sable est en effet l’un des symboles de l’histoire de la naissance du Ngondo, « Assemblée traditionnelle des Douala » créée vers 1653 ou 1830 selon les sources, dont l’Auteur s’évertue à attribuer l’origine lointaine au groupe Bassa (dès leur arrivée sur les berges du Wouri, voir supra), sur ce même banc de sable. Avec pour nom « Ngondong » et « qui deviendra « Ngondo » au départ de la grande fraction Basaa à l’intérieur des terres.
Comme les Romains qui déniaient aux Gaulois toute capacité de création pour ne leur reconnaître que les qualités inférieurs d’imitation, l’Auteur présentera, le long de son œuvre, les Duala comme de simples continuateurs des œuvres initiées par les Basa.
Je n’en dirai pas plus de ce Ngondong, en ayant assez parlé dans la précédente critique.
Sinon pour dire que l’Auteur ne fait rien ou très peu au hasard, posant à chaque fois les jalons pour fixer les esprits sur ses prochaines vues de l’esprit. Nous l’étayerons au cours de cette analyse.
Le romantisme prépare et cède la place à la reconstruction savante dont la méthodologie consiste à manier et remanier les synonymes, anthroponymes, ethnonymes, toponymes, user et abuser de la morphosyntaxe lexicale et de la linguistique, afin de changer ou surcharger l’origine et la paternité des choses, des événements et des hommes.
Changer ou surcharger l’origine et la paternité des choses, des événements et des hommes, c’est procéder à la révision ou à la réécriture de l’histoire réelle pour une histoire idéologique, celle qui « déforme systématiquement les données dans l’unique but de vanter un clan donné au détriment d’un autre », qui profite de l’homonymie, de la polynymie, la polysémie, l’éthymologie et la « surnonymie » pour semer la confusion. Histoire également truquée par un manque d’honnêteté intellectuelle.
Dans ce chantier, l’Auteur commence par faire passer l’exclusivité de la préséance et de la présence ante-Douala sur les berges du Wouri à son seul groupe (pour ensuite lui attribuer la paternité de tout ce qui s’y est déroulé même à l’apogée de l’ère Douala), malgré toutes les évidences du contraire.
En fait, la présence d’un « groupe témoin ou tampon» fragilise son échafaudage idéologique.
C’est la raison pour laquelle il lui faut évacuer les Bakoko des berges du Wouri malgré la pertinence des sources orales, écrites, et presque tous les autres marqueurs, traceurs et repères anthropo-culturels et historico-culturels. Ainsi se fait-il aveugle face aux nombreuses références historiographiques et bibliographiques, en ignore certaines ou fait l’ignorant.
Il ignore ou joue à l’ignorant sur les Bakoko Yabiang/Yapeke dont il est principalement question sur les berges du Wouri et dont il ne dit presque mot, sauf pour faire diversion vers les Bakoko de la Dibamba.
Avec lui, c’est tout le monde qui s’est trompé, a confondu, a mal vu. Comme les historiens européocentristes selon lesquels Hérodote, témoin oculaire de l’Egypte pharaonique nègre, s’était trompé même sur la couleur de la peau des noirs qu’il a pourtant vus de ses yeux.
L’Auteur procède donc à la réfutation systématique des faits sans apporter de preuve du contraire.
Pour ce qui est de la période Portugaise par exemple pour revenir au livre, Jean Criaud qu’il cite et qui parle du « pays des Bakoko sur l’emplacement actuel de Douala » se trompe de cadrage géographique. Et « si tel est le cas, ce chercheur aurait confondu les Basaa aux Bakoko ». Les Chercheurs Basaa du Wouri sous la conduite de leur Chef se sont eux aussi trompés, qui ont écrit que leurs parents ont vécu avec les Bakoko à Douala non sans désigner leur emplacement précis. Les Deïdo se sont également trompés et confondu leurs beaux-parents les Bakoko qui les ont hébergés, aux Basa.
L’Auteur poursuit en écrivant : « Si l’hypothèse des Douala (supposés Bonambèdi) installés à leur emplacement actuel vers 1750 est retenue et que les Basa ne vécurent point sur les bords de ce fleuve, quel a été ce peuple avec lequel les navigateurs seraient entrés en contact dès leur arrivée, dont Duarte Pacheco Pereira admira les pêcheries vers 1487 et qui entre en 1538 dans le commerce avec les Portugais? Pouvons-nous donner du crédit aux affirmations de Jean Criaud qui parle des Bakoko ? Cette spéculation n’est qu’un entraînement à la recherche de la vérité historique car, aucun témoignage, aucune source orale, même Bakoko ne fait mention de cette rencontre ».
A-t-il seulement eu recours à une source Bakoko ? Veut-il en entendre parler ? Dans un échange (dans mon blog) consécutif à la critique de son premier essai, je lui avais opposé une source orale transcrite par un chercheur (Christine Buhan) dans sa thèse et le livre qu’elle a publié avec le Père Etienne Kange au sujet de la désignation des européens par les côtiers : «Dans les langues des populations côtières, dont le Bakoko, le terme bakala (sing. Nkala) sert à désigner les européens, les Blancs. Voici ce que papa Elonda (de Bonamateke) nous a communiqué à ce sujet: Bakala vient du Portugais bacalao. En arrivant sur la côte, les Portugais ont dit aux Noirs: on vous apporte du poisson (bacalao) pour vos enfants. Les Noirs ont donc nommé les Blancs avec le premier mot sorti de leur bouche».
Il a réfuté cette version en pérorant sur ses sujets de prédilection qui ont trait à l’albinisme, le soleil, …
Tout comme il se braque sans se poser de question ni faire de rapprochement entre l’hypothèse de Jean Criaud ci-dessus et la probabilité que les Bakoko, peuple de l’eau par excellence, pêcheurs, puissent être ceux dont parle le navigateur et que celui-ci identifie comme tel.
[Au moment où j’écris ces mots, l’Auteur vient de me citer dans une publication à Facebook sur ce même sujet en faisant référence aux Basaa comme des chasseurs qui sont entrés en contact avec les Douala dans une pêcherie lors d’une partie de chasse. Quelle coïncidence hasardeusement parlante !]
S’il avait le souci d’un travail en profondeur et celui de se rapprocher le plus possible de la vérité historique, il aurait confronté les sources des peuples Basaa, Bakoko, Douala et ceux des navigateurs et autres chercheurs. Il se serait reporté aux tableaux généalogiques afin d’y déceler des concordances ou discordances. Il aurait examiné les itinéraires parallèles ou croisés de migration et les emplacements actuels qui sont des indices de traçabilité de ces différents peuples.
Les sources que rapporte Réné Gouellain disent que « Douala et Bodjongo alors qu’ils pêchaient dans « la mer de Douala » au temps où le Wouri n’était qu’une rivière, trouvèrent dans l’actuel pays Douala, des Bakoko et leurs cousins ». Ngaka Akwa, un Douala, écrit : « Douala et ses frères en amont du fleuve rencontrèrent des gens de deux races, des Bakoko et des Bassa, qu’ils considèrent comme les fondateurs de la contrée ».
L’examen des traditions historiques des Bakoko et Douala révèle que les Bakoko du Moungo et les Yakalag entre autres, cette avant-garde des migrations Mpoo ont vécu avec les Ngala-Dwala dans la région de Edea longtemps avant que les Adie n’y arrivent au milieu du 17è siècle. Leurs accointances et échauffourées avec les Malimba leur auraient conféré leur nom de Bakoko, à leur étape de la Sanaga-estuaire. Certains Douala disent que c’est eux qui les ont initiés au culte des Besima (miengu) en particulier et à la culture de l’eau en général. Qu’est ce qui empêche de les envisager dans l’embouchure du Wouri avant les Douala ? Surtout lorsque certains les y signalent ?
Je signale juste en passant que le fleuve Wouri était appelé « Mbendè », par les Bakoko et les Basaa, et que Dika Akwa inscrit ce nom dans la généalogie des Yapeke comme leur ascendant (grand-père, 14è palier, 15è siècle, au moment même o ils y sont signalés). Allez chercher l’origine du mot ! Il est encore en incubation dans le laboratoire de linguistique de l’Auteur.
Un exercice de généalogie comparée, révèle que Peke, l’ancêtre éponyme des Bakoko-Yapeke, est sur le même palier (12è) que Mbedi père des Bonambedi et Dumu ou Lam Ndong, ancêtre et chef de file des Ndogkeng-Ndogbisoo qui les aurait conduits, en même temps que Nsaa (12è palier) le chef de file des Basaa, sur les berges du Wouri.
Les récits des Bakoko disent qu’ils ont traversé le Wouri après une cohabitation tumultueuse avec les BonEwale, et qu’ils ont été suivi par quelques Basaa qu’ils ont semés en cours de route, ceux-ci s’installant à Mpanjo (actuel Bonamatoumbe) d’abord, puis à Sodiko actuel. Ce que corrobore la source de l’Auteur qui dit que Nsaa et Lam Ndong se sont retrouvés du côté de Bonaberi et y ont créé les villages Bonamatoumbe et Sodiko.
Lisons ensuite le récit des Sodiko que rapporte Jean Philemon Megope Foode: « C’est pendant qu’ils vivaient à Mpanjo que l’un d’entre eux nommé Njaki, chasseur de son état, traverse la crique Lobé et découvrit le beau territoire de Sodiko occupé alors par les Bakoko. Il décida de les déloger et usa pour cela d’un stratagème qui consistait à créer régulièrement panique en tirant des coups de feu en l’air. Etant donné que c’était à une époque où de nombreux peuples avaient peur d’être réduits en esclavage, cette insécurité décida les Bakoko à prendre leurs pirogues et à aller se réfugier dans la région de Dibombari. Njaki prit possession de ce village alors très riche en palmier-raphia ».
Les enfants de Peke, à savoir Ndone et Njoke (partis des berges du Wouri à l’arrivée des Bonewale puis chassés par les Sodiko), qui sont sur le même palier généalogique (11è) que Ewale vont constituer les lignages maximaux à l’origine des groupements installés à la sortie de Douala et après Sodiko (les Yandon) et derrière eux, les Yanjok (Bonamatekè).
Ce cas des Bakoko a été choisi pour mettre en exergue la falsification de l’histoire, par déformation ou omission, non sans démontrer comment les données de plusieurs sources peuvent purifier une analyse critique, se compléter et s’agréger pour établir ou rétablir des vérités historiques ou para-historiques.
Libre à l’Auteur d’insinuer que je prêche pour ma propre chapelle. Nul n’est mieux servi que par soi-même lorsque le service a des œillères. C’est lui qui m’oblige à procéder ainsi.
La narration de l’histoire doit être considérée comme une conduite automobile, où on a les récits qui sont à l’image des pédales (embrayage, frein, accélérateur), la généalogie en est le tableau de bord sur lequel il faut toujours garder l’œil afin de vérifier les paramètres, et l’itinéraire migratoire est comme la carte ou le GPS. Qui permettent de tracer et de localiser.
L’Auteur ne se contenterait apparemment que d’embrayer, accélérer et freiner.
Il en est des Bakoko stricto sensu que lato sensu. Car dans le premier essai de l’Auteur, il parle d’une famille qui s’est installée en même temps que deux autres familles Basaa sur les berges du Wouri, les Ndogkeng-Ndogbisoo. Or en déclinant lui-même leur arbre généalogique, il se trouve que celle-ci dérive des Mpoo (Bakoko lato sensu), ce qui embarrasse l’Auteur et le contraint à des explications contradictoires et à l’amalgame. L’ayant coincé sur ce fait, il s’est attelé à réajuster -sous nos yeux virtuels- cette généalogie au point de ne plus rattacher les Ndogkeng/Ndogbisso du Wouri et les Ndogbissoo en général aux Mpoo que par des liens matriarcaux, afin de les faire passer pour « d’authentiques » Bassa.
Les Ndog Nken du premier essai sont devenus les Ndog Ngaa au second. Au prétexte que Nkeng et Ngaa ont la même signification.
Aussi peut-il écrire « mais des conclusions de nouvelles recherches, il ressort que seuls les Basa, au sein desquels certains chercheurs en pleine confusion ont cru identifier des lignages Bakoko, occupaient cette embouchure à l’époque de sa découverte ». Il y a donc eu quelques sources qui ont parlé des traces de Bakoko sur les berges du Wouri ? Il ne faut souvent pas de loupes pour voir les contradictions du néo-chercheur.
Il en est des Ndogkeng comme des Ndonga, des Longasse,
La langue à elle seule justifie l’appartenance ethnique ou l’explication d’un nom.
« Par les résultats de nos travaux de recherche qui sont basés sur la linguistique, les termes Nken, Mabap, Nga et Ngodi dans la langue Basa ont la même signification: barrière, mure, femme, limite. Les noms Ndogken, Ndonga et Ngodi désignent une même famille ».
Après l’évacuation des Bakoko au centre des berges du Wouri en les réduisant au seul groupe de la Dibamba non sans avoir révisé la séquence d’installation pour faire passer les Bonambedi avant eux, le deuxième stratagème de l’Auteur consiste à réduire ces derniers en une portion congrue voire à les effacer ethnologiquement ou culturellement.
Pour cela, il a fallu « tuer » Ewal’a Mbedi l’ancêtre éponyme du groupe à Manoka, son frère Ekakanga (Bodjongo) aussi, afin de leur ôter le privilège de la naissance du patronyme du groupe et partant, du nom actuel de la ville, qui serait en conséquence « d’origine Basaa » -il ne parle même pas de co-origine pour paraître un tant soit peu cohérent envers lui-même!- car « constituante de Dumu chez les Basaa et Ewalè chez les Bonambedi" .
D’après lui, ce nom s’expliquerait du fait que c’est le Patriarche Lam Ndong (Dumu) (chef de file du groupe Ndog Nken mort vers 1562) qui aurait accueilli Moulobè, fils de Ewal’a Mbedi (mort vers 1630), sur les berges du Wouri. Dans le premier essai de l’Auteur, c’est plutôt son fils Bong qui aurait accueilli Moulobè fils de Ewalè. Qui est contre l’actualisation ?
Cette allégation suppose que Moulobe Ewale, mort vers 1666, avait été au moins centenaire et aurait conduit ses troupes sur les berges du Wouri à l’âge de … 4 ans.
Deos it make sens ?
Le Chercheur n’a pas jeté un coup d’œil au tableau de bord, instrument de vérification historique qu’est la généalogie. Il aurait réalisé que Lam Ndong (Dumu) est contemporain de Mbed’a Mbongo, le père de Ewale, et que Moulobe et Dumu ne sont pas de la même génération ni du même siècle. Par contre, Ewale peut bien avoir vécu en même temps que Dumu, donc susceptible d’avoir été accueilli par ce dernier.
J’avais pourtant conseillé l’Auteur, et ce de façon répétitive, sur la nécessité de triangulation des données. Le livre était peut-être déjà sous presse.
Après l’ethnonyme, c’est le groupe Douala lui-même qui sera dit d’origine Basaa. Parce que l’un de ses lignages majeurs, les Bonaku, a été fondé par un enfant, Kouoh, objet d’une alliance Bonambella-Bassa/Bakoko.
Au-delà des controverses sur le nom, la mère et son appartenance ethnique, il demeure constant que le grand-père et le père biologique de cet enfant sont des Bonambella. Qu’il ait vécu dans sa famille maternelle en respect de l’alliance n’efface pas le fait qu’il ait fondé un lignage au sein des Bonambella-Bonewale, les Bonaku.
D’où vient-il que l’Auteur en fasse plus Basaa que Douala au point de considérer que ces derniers ont perdu leur identité et ont fondus au sein des Basaa, faisant fi de l’autre lignage majeur Bonadoo qui n’était pas concerné par cette parenté?
A quoi tient cette filiation à géométrie constante de l’Auteur qui veut qu’un enfant d’un père d’une autre ethnie né d’une fille Basaa soit Basaa, et qu’un autre né d’un Basaa avec une fille d’une autre ethnie soit toujours Basaa ? Alliance ou pas ?
C’est là le second jeu de l’Auteur, faire de tout le monde qui compte sur l’échiquier généalogique les « siens ».
Le troisième jeu se joue sur la toponymie.
Du fait de la préséance unique ou partagée des Basaa d’avec les Bakoko (encore !), les premiers ayant par ailleurs le bénéfice de la surexposition et par défaut présentés comme premiers occupants face à la discrétion des autres, quoi de plus normal que la superposition des noms de villages ou quartiers confère trois noms à un même lieu dont le premier soit Basaa ?
On aura par exemple :
- Ndogsoul (Basa) - Yakaboti (Bakoko) - Bonélang (Douala)
- Logmangaa (Basa) - Ndonga (Bakoko) - Bonakwamwang (Douala)
- Logbessou (Basa) - Yangbê (Bakoko) - Bonadjindjè (Douala)
- Ndogbakeng (Basa) – Yadimbam (Bakoko) – Bonamwang (Douala).
Mais l’Auteur, dans son élan d’effacement des Bakoko sur les Berges du Wouri, ne mentionne jamais leurs toponymes s’il ne les assimile ou rattache aux Basaa.
Aussi voulant dénier l’origine Bakoko aux Bonatongo que « l’histoire Douala lui attribue » pour lui en attribuer une Basaa du « nom de son père Kul », il pose une équation : « Kul en Bassa = Tongo en Douala et signifie tortue ». Il se planque à côté de la plaque, car tortue en Douala est Wudu, et non Tongo qui en est la signification en Bakoko.
Bonasama, village des descendants de Same a Dooh, est « d’origine Basa et a pour fondateur Nsamhè dont le nom est devenu Samè dans la langue Douala ».
Hickory-Town (Bonaberi), toponyme de la période anglaise des bords du Wouri lorsque les Bonabelle-Douala ont entièrement pris le contrôle de la rive droite, n’est plus une déformation de Niggery-Town, mais veut dire « la ville du prêtre du soleil » en rapport avec le patriarche Saa, le chef suprême de cette communauté ».
Bonabéri lui-même, qui dérive de Bonabelle, sous la plume de l’Auteur, signifie «les descendants des fils du soleil » en rapport avec les descendants des deux patriarches de cette rive » : « Bona = descendants ; be = fils ou de ; ri = soleil ».
Du grand art ! C’en est pas un ?
Enfin, last but not the least, le grand jeu sur la toponymie s’articule sur le contour temporel du royaume du Biafra, car c’est sur cette temporalité que repose l’argumentaire le plus ethnicisant de l’Auteur, mais aussi celle qui expose le plus scientifiquement ses amalgames et confusions volontaires.
Point n’est besoin de s’attarder sur l’entêtement de localisation spatiale de Monembaschagatt que des observations même empiriques des cartes que présente l’Auteur devrait atténuer la passion du débat, avant d’être clos par les données du système d’information géographique.
Sa localisation dans le temps aurait fait éviter de confondre Moneba (fin du XVIIè siècle) à Mapoka (mort vers 1747, ayant vécu à l’époque Hollandaise et non Portugaise).
La tentative de l’Auteur de faire un « jugement » à Mapoka en signalant sa mort vers 1680 est vaine. Ceci décalerait davantage la chronologie anthropo-historique des Ngala-Dwala pour situer leur arrivée à des dates antérieures à celle connues. En avançant ainsi l’âge des personnes de ce lignage, l’Auteur abouti à la naissance de Ngand’a Kwa (1777, selon Dika Akwa) 7 ans après la mort de son père Kwa Kouoh (1770, Ekwe).
Revenant à la toponymie temporelle de la ville de Douala, elle se décline sous différents noms successifs. La ville porte le nom de « Ville de Biafra » au XVè s, avec l’inscription sur la carte du nom de Biafara ou Basha corrompu en Basa.
Dika Akwa les cite: Biafra (Basa), Yakaboti (Bakoko), Cameroonville, puis Douala. Le toponyme Yakaboti est peu connu, et la seule source écrite à notre disposition est celle de Dika Akwa, que j’ai cité à dessein car bien connue de l’Auteur qui n’en a jamais dit mot. On peut imaginer pourquoi.
On peut aussi ajouter le nom Allemand Kamerunstadt qui n’est que la traduction de Cameroon Town ou Kameroon Town.
Dans l’esprit et le développement de l’Auteur, la limite temporelle du toponyme Biafra se situe en 1901, avec le baptême du nom de Douala. Aussi va-t-il attribuer tout ce qui s’y passe au royaume du Biafra, mais aussi en conférer la « nationalité » à tous ceux qui y vivent.
Ce fait se matérialise avec l’organisation du royaume du Biafra en « ensemble quasi-structuré avant la colonisation » jusqu’à la perte de l’autonomie, spatialement disposé en quatre plateaux avec à la tête de chacun un Patriarche suprême et sous la coordination générale de l’un d’eux (le « Mpond Mbombog, Roi de toutes les berges), selon un mode gérontocratique.
Sous ces Patriarches régnants, se trouvent les Patriarches de zones et sous ces derniers, des sous-chefs.
De 1509 à la prise de contrôle des Douala, comment ce groupe Basa était « en passe de réaliser l’unité de toute la côte camerounaise, voire de l’hinterland » n’est pas décrit.
L’Auteur ne signale ni ne critique non plus ce concept de protonation qu’il insinue, à partir des sources dont il s’inspire comme Dika akwa qui parle du « Vieux Cameroun », une « protonation précoloniale limitée et composée de ce qu’on a coutume d’appeler la sous-nation Sawa ou gens du Littoral (trois peuples résidentiels: Bassa, Sow-Bakoko et Duala), la sous-nation Beyidi ou «Bushmen » : gens de la forêt (peuple Maka, Baya et Kaka), la sous-nationNanga (peuples Beti, Boulou, Badouma), et la sous-nation Nséké ou Grassfield, ou plus couramment Grafi (peuple Tikar, Ndono-Bamiléké, Mandjara) ».
L’auteur reprend plutôt cette protonation qui prend corps à partir du XVIIIè siècle, dont toutes les sources et évidences s’accordent à attribuer le leadership aux Douala, pour l’appliquer au groupe Basa dès son installation.
Il faut relever que c’est vers les années 1660 que le Biafara est décrit en des termes comme « la capitale de tous ces pays », c'est-à-dire durant le règne de Moulobe Ewale (1631-1666), et du Chef Basa Ewouma (mort vers 1670). C’est la période de Moneba, que d’aucuns identifient à Moulobe (voir supra), et que l’Auteur confond à Mapoka.
L’un ou l’autre, ce sont des Douala.
C’est le moment de rappeler la mention mise en mémoire qui indique que les Bonewale s‘installent à l’embouchure du Wouri vers 1578, et probablement sur les berges du Wouri vers 1600, s’il faut tenir compte du règne attribué à Ewal’a Mbedi (1608-1630).
Au moment où les Bonewale s’installent sur les berges du Wouri, rien n’indique qu’ils aient été sous un Patriarche suprême, ni après leur installation. Dika Akwa parle de dualité ou Double-royaume, celui des Kambongo et celui des Logdip-Sow des Bakoko/Bassa.
Ils vont très vite prendre le contrôle des berges du Wouri, pour devenir cette « aristocratie guerrière dominant les premiers habitants au moyen d’une cruauté sauvage et d’abrutissantes superstitions ».
Ceci n’est pas sans rappeler les raisons avancées par les deux peuples Basa et Bakoko sur leur retrait des bords du Wouri.
Il n’est donc pas très intellectuellement honnête de reprendre cette citation de René Gouelain et sans l’indiquer comme telle, au sujet des Douala pour l’appliquer à un autre groupe: « Il faut imaginer ce groupe, et les traditions l’y autorisent, actif aussi bien au point d’impact des échanges avec les Européens, qu’à l’intérieur des terres, toujours plus fortement et irréversiblement engagée dans la traite tant par ses relations intra-territoriales que dans ses rapports avec l’Europe ».
Ce plagiat en dit long sur la prédisposition de l’Auteur à falsifier l’histoire.
Il peut affirmer « sous le seul contrôle des patriarches régnant au départ, le commerce sera au 17ème siècle ouvert aux patriarches de zones » sans se soucier d’en apporter les éléments probants, qui peuvent être recoupés à partir de la configuration communautaire du moment et des données des commerçants étrangers.
En effet, à partir du 17è siècle, on parle déjà de grands commerçants et figures Douala comme Moulobe, Ngiye, Mapoka, Makongo, Doo (King Joss). L’Auteur aurait fait œuvre utile en ajoutant d’autres noms à celui du Chef Ewouma du coté des Basa.
Et ce n’est pas en voulant transformer le marché de Ewouma qui était vraisemblablement un marché local en marché international qui arrange les choses, puisqu’en ce temps, les Européens n’étaient pas autorisés à s’installer ni commercer sur la terre ferme.
Voici un extrait des textes de Robertson édités à Londres en 1819 : « La ville de Cameroons, à environ 15 miles de l’entrée de la rivière du même nom… quelques-uns parmi les commerçants de Cameroons sont riches et exercent un pouvoir oligarchique sur le reste des indigènes qui se soumettent à leurs décisions sans manifester la moindre opinion personnelle. Un indigène qui se fait appeler King Bell détient l’autorité principale et use fréquemment de son autorité d’une manière despotique, bien qu’il soit très apprécié des Européens, qu’il a toujours traités avec faveur et respect… ».
Ainsi, sous la plume de l’Auteur, ces Rois et Chefs Douala deviennent des « Patriarches de zones », mieux des Mpodôo (Mpodol) ou porte-parole, un grade au dessous de celui de King réservé à leurs fils nés de mère Basa ou descendant de ceux-ci, non sans avoir « basaiser » leurs noms:
- King Mapoka ou Mapota; King Kouo ou Kul Mben; King Mwange (Angua) ou Nwanè Kul ou Angaa Kul; King Kwa ou Kul Hom (Kwak).
- Mpodôo Doo Makongo ; Mpodôo King Bell ; Mpodôo Ngando; Mpodôo Dikongue Ngando; Mpodôo Mpondo Ngando ; Mpodôo Ndumbe Lobe.
Cerise sur le gâteau, tous ces noms sont ou viennent du Basa : Doo (Mpodol), Mpondo (Mpondôo), Ngando, Dikongue (Dikong), Nkoto (Ntogo), Same (Nsambèh)… la liste est longue.
Les Duala « étaient venus sur les berges du Wouri avec pour seul héritage leur langue » … qui n’avait pas de mots. Il a fallu tout emprunter. Et quand bien même on emprunte, s’acculture t-on nécessairement ?
Il en est des noms comme des actes. Tous ceux que ces Chefs Duala ont posés doivent porter l’estampille du Biafra. Si l’Auteur avait tout au moins été logique envers lui-même en respectant les limites temporelles du Royaume du Biafra.
Il a beau relever que les noms « Cameroon Town » et Aqua Town » sont rapportés pour la première fois en 1806 dans les écrits de Nichols qui y a effectué un voyage, il a beau présenter les lettres et traités signés par les King et Princes Duala désignant leur site « Fleuve Cameroun », « Ville d’Akwa », Ville de Bell », il leur substitue toujours à contretemps le nom de « Ville de Basa ».
Aussi s’offusque t-il que le traité Germano-Duala n’ait pas été appelé « Traité Germano-Biafra » et croit-il corriger cette incongruité : « Au moment de la signature du Traité en 1884, le fleuve Wouri était connu à l’extérieur sous le nom Cameroun, la région et ses populations sous le nom Biafra, déformation du nom Bassa. Il est donc absurde que dans les manuels scolaires, ce traité soit connu par le nom « Germano-Douala », l’entité Douala étant née 17 ans plus tard (1901) par un décret allemand. D’autre part, le territoire Biafra en prenant officiellement le nom Cameroun par le même décret, l’appellation « Germanocamerounais » que certains historiens attribuent à ce traité pour réparer cette incongruité éloigne aussi l’histoire de son contexte ». Sans commentaire. Le pays est déjà appelé Cameroun, mais ses habitants sont demeurés Biafrais.
Sinon que pour se demander si ce traité avait été signé avec le territoire ou avec les Chefs Duala ? Ce nom lui ayant été attribué en conséquence.
Tout comme le bombardement de Bonapriso et Bonaberi le 18 décembre 1884 devient « la première guerre Germano-Biafra ».
Il serait fastidieux de continuer à relever ces nombreux amalgames et trucages de ce pourtant salutaire travail de rappel historique. Qui aurait été excellent si l’Auteur n’y avait pas trop mis du sien : ethnocentrisme trop poussé et très visible. Qui au lieu de rechercher et mettre en exergue les réelles et supposées mérites du groupe Basa qui a déjà le crédit de la primo-occupation, s’est borné à les dissimuler ceux des autres groupes ou à leur attribuer une parenté Basa.
Dire qu’il réussira à bluffer plus d’un. Que des étudiants et Chercheurs pourraient s’en inspirer pour reproduire et perpétuer une scandaleuse reconstruction de l’histoire dextrement romancée.
La rébellion dans le Bamiléké
Bouopda Pierre Kamé, De la rébellion dans le Bamiléké (Cameroun), L'Harmattan, 2008.
Un ouvrage "riche d'enseignements [qui] revient en détails sur [la] crise sociale et politique qui a forgé certains caractères contemporains de l'Etat du Cameroun".
Crise qui, d'après l'auteur, est plus sociale que politique, et qui bat en brèche ou relativise la lutte armée de libération du Cameroun sous les auspice de l'ALNK (Armée de Libération Nationale du Cameroun) érigée par l'UPC. Armée que l'auteur qualifie par ailleurs de "structure imaginaire" non pas parce qu'elle n'a pas existé, mais sans doute parce qu'elle était beaucoup plus un mirage.
Ces écrits remettent en cause beaucoup d'idées distillées dans l'opinion camerounaise sur la lutte armée pour d'indépendance, voire même la base conceptuelle du "problème Bamiléké" et l'orientation qui lui a été donnée.
On y apprend, et ce n'est pas nouveau, que la "lutte armée" dans l'Ouest camerounais était plutôt des crimes et terreurs qui avaient "commencé avec la destitution de Ninyim" [Pierre Kamdem] comme Chef Baham. "Et se termine avec son exécution".
D'une "querelle villageoise", la situation à l'Ouest se transforme en actes criminels qui revêtent "les principaux caractères du terrorisme contemporain". Une sorte de Boko-haram avant Boko haram, les kamikazes en moins. "dans le trianglee Dschang-Bafang-Bafoussam, durant ces années pleines d'espérances de libération politique au Cameroun, des Bamilékés constitués en bandes armées assassinent froidement des enfants, des femmes,des familles entières, des civils, des militaires, des policiers, des gendarmes, des élus, des civils, des prêtres, des pasteurs, des chefs traditionnels, des préfets, des enseignants,... Ils pillent et incendient délibérément des chefferies, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles, des églises, des temples, des stations agricoles, des fermes, ... Ils détruisent des ponts, coupent des routes et des fils télégraphiques, saccagent des plantations, ... Des trésors du patrimoine architectural bamiléké partent à jamais en fumée".
Ce sont des faits. Indiscutables et vérifiables. Mais l'interprétation des causes et la justification de leur bien fondé peuvent être sujet à débat.
Pour l'auteur et plusieurs autres sources, l'origine de la "rébellion" dans le Bamiléké est à chercher dans
« la contestation ouverte de l’organisation de la société bamiléké par les jeunes générations ». Une crise sociale donc, conséquence de « l’assujettissement des chefferies à l’autorité de l’administration coloniale, le scolarisation croissante des jeunes, et la diffusion de la religion chrétienne » qui ont contribuer à la fissure du « modèle social bamiléké ». Mais peut-on enlever l’aspect politique de cette crise sociale du fait de l’émancipation politique de l’époque promue principalement par l’UPC, que non, et l’auteur le mentionne. Mais la rébellion telle que enclenchée dans la Sanaga Maritime n’est pas la conséquence directe des batailles politiques, et quoique des fils de l’Ouest au premier rang desquels certains jeunes chefs appartenaient à l’UPC, l’auteur renseigne que c’est par opportunisme que « les vandales […] gagnent le statut de combattants de la liberté aux yeux de certains responsables de l’UPC qui sont loin du théâtre des opérations ».
« Les vandales de Baham ignorent ces exigences politiques. Leur exploit impuni inspire d’autres groupes de jeunes Bamiléké qui songent peut-être dans l’hypothèse osée d’une cause commune, à renverser l’ordre social structuré autour des chefferies ». Un problème Bamiléké-Bamiléké en somme. Qui a sans doute été baptisé de « problème bamiléké » par le Colonel Lamberton, en référence aux « convulsions dont ni l'origine ni les causes ne sont claires pour personne ». Si l’auteur et ce tristement célèbre Lamberton se rejoignent dans l’analyse, il y a lieu de se demander pourquoi ce « problème bamiléké » a tant été dévoyé et « tabouisé », et donné une interprétation « caillou bien gênant » de la phrase du français « Le Cameroun s'engage sur les chemins de l'indépendance avec dans sa chaussure un caillou bien gênant », non comme une société ethnique en crise sociale vis-à-vis d’elle-même avec des conséquence sur la marche du pays, mais comme un groupe à stigmatiser et à se méfier. Ne peut-on pas voir ici une auto-stigmatisation que certains reprochent à ce groupe ?
Car l’origine et les causes de ces « convulsions » semblent être ce qu’un fils de l’Ouest attribue aux mutations et crise sociale quelles entrainent.
Ce livre emmène donc à nuancer l’ampleur et l’importance de la lutte pour la libération dans les grassfields. Et ce n’est pas nouveau car dans il nous est parvenu aux oreilles dans notre enfances, les accusations de trahison de la lutte dans cette région. L’auteur l’indique en disant que « certains chefs de ces bandes criminelles se réclament sans conviction, ni engagement, du nationalisme « kamerunais ». Elles n’ont cependant aucun lien organique avec l’Upc ». Quoique « certains responsables de l’Upc, loin des théâtres des opérations, identifient malheureusement l’embryon d’une armée révolutionnaire dans ces bandes crapuleuses qui terrorisent les populations tant que les forces de l’ordre sont insuffisantes dans le Bamiléké ».
Cette accusation remet sur la selle le débat sur la nécessité et l’opportunité de la lutte armée au regard des capacités militaires et politique de l’UPC. Elle expose l’amateurisme voire la légèreté de cette organisation ou tout au moins de certains de ses leaders à s’engager dans une voie dans laquelle ils n’étaient vraisemblablement ni préparés, ni soutenus. L’UPC a-t-il bluffé le peuple camerounais ? Non pas dans la quête d’émancipation, mais dans la finalité de la lutte qui aurait été plus la quête du pouvoir que la libération ?
Le prix de sang payé par les camerounais était-il proportionnel et indispensable au poids de la « véritable indépendance » ?
Fallait-il faire feu de tout bois et adouber toutes les bandes de « vulgaires criminels » qui sévissaient dans l’ouest et ailleurs dans le Moungo au nom de cette lutte ?
L’UPC a-t-elle structuré son armée à l’Ouest contrairement aux allégations d l’auteur qui estime que « malgré les déclarations de certains dirigeant de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), aucune organisation criminelle structurée n’est en effet implantée dans le Bamiléké à la fin des années 50 et au début des années 60 » ? L’UPC a-t-elle essentiellement joué à la récupération maladroite des actes criminels de « petits criminels qui jouent aux caïds » dont les plus en vue étaient :
- "Tchuembou Paul, la vingtaine commençante... se fait appeler "Capitaine chef Momo Paul, Génie de Baham. [...] L'aigreur l'incite à basculer dans la violence et le crime. L'écho du combat de l'UPC... lui est entretemps parvenu. Il s'en réfère au besoin pour couvrir des crimes crapuleux".
- Singap Martin: "25 ans en 1957 lorsque les violences et les crimes commencent dans le Bamiléké. Comme Momo Paul, il sort du système scolaire après le cour élémentaire. [...] Il intègre la JDC. [...] A Accra au mois de juillet 1960, Félix Moumié, Ernest Ouandié et Abel Kingué donnent au petit Martin Singap le titre de chef de l’Etat-Major général de l'ALNK. Cette promotion est un aveu de désespoir des dirigeants upécistes en exil. Mais cela honore Martin Singap, "le général" sans troupes. Il multiplie les crimes meurtriers et stériles".
- Ndéléné Jérémie: "C'est un tradi-praticien analphabète qui a la quarantaine. [...] Il est en contact et en rivalité avec Momo Paul et Singap Martin. Il use de sa réputation de tradi-praticien et de rituels pseudo-mystiques pour enrôler de jeunes désœuvrés dans l'une des aventures les plus criminelles et meurtrières du Bamiléké. Ndéléné Jérémie ignore fondamentalement tout du combat pour la réunification et l'indépendance du Cameroun. Il est englué dans des querelles et les règlements de compte au sein de sa chefferie natale".
"Tous les "maquisards" du Bamiléké sont de cet acabit.
"Félix Moumié, Ernest Ouandié et Abel Kingué engagent incontestablement une composante de l'UPC dans une voie criminelle après le décès de Ruben Um Nyobé".
Si Momo, Singap et autres, « généraux imberbes » dixit « les irrécupérables (Félix Moumié et ses amis de Kumba) comme les qualifiait Iwiyè Kalla Lobè étaient de vulgaires criminels, l’UPC n’a t-il pas de compte à rendre au peuple camerounais ? Comme chantait déjà « la pègre de New-Bell en 55 « Général Moumié, nous avez-vous donné la liberté » ? Extrait de l’éditorial du journal l’Opinion au Cameroun signé par le sus-nommé, cité dans le livre et qui sonne comme acte d’accusation de l’UPC version rébellion.
« Cest très beau d’aller vivre avec sa femme en Egypte ou en Yougoslavie quand on laisse derrière soi des foyers éteints, de veuves éplorées, des orphelins…
C’est très « nationaliste » de lancer des cris de guerre sainte quand on est soi-même à l’abri et quand on sait qu’on bénéficiera d’une mesure de faveur, d’un « éloignement touristique »…
Mais qui sera comptable, maintenant, de tous les crimes commis ? et la répression qui s’en suivit ?... « Général Moumié, nous avez-vous donné la liberté » ?... la pègre de New-Bell chantait ainsi votre nm en mai 55, mais vous étiez débordé par votre folie et ne pouviez plus la faire taire. A présent, vous préférez aller contempler le Sphynx et les Pyramides des Pharaons, au lieu de venir vous incliner sur la tombe anonyme de vos victimes innocentes !... Est-ce là le courage d’un « Général » ?... Egypte… Inde… Yougoslavie … Syrie… Congo-Belge… que de noms rêveurs… oui, vous allez faire de beaux voyages, mais pourquoi avez-vous oublié la Lune ? Car vous avez souvent habité, cette planète, et vous l’avez fait habiter, hélas par de nombreux camerounais (pardon Kamerunais). Maintenant que vous préférez vivre sur la terre ferme et que vous quémandez la demeure des autorités &nglo-nigériennes pour « rester tranquille » et « ne plus faire la politique », vous oubliez que vous avez des comptes à nous rendre.
Peu-être, un jour, quand vous cesserez d’être les écoliers indociles et bêtement turbulents que vous ayez été avec vos amis, vous rendez-vous compte qu’il y a tout de même une limite à tout et qu’il est très dangereux de jouer avec le feu…
Mais je perds peut-être mon temps à vous parler. Vous pensez déjà aux beaux pays que vous allez visiter et avez certainement déjà oublié le Cameroun que vous avez failli assassiner
C’est bon ! Nous n’aurons même pas pu vous « récupérer » pour parler de notre pays avec vous, de ce pays que vous avez délibérément ignoré en le plongeant dans l’anarchie…
Bon voyage, ex-Camerounais !...
Mais n’oubliez pas le mot du phylosophe ; « partir, c’est mourir un peu ». Vous êtes mort pour les Camerounais que vous auriez dû servir loyalement. Nous ne vous regrettons pas, nous qui sommes à pied d’œuvre. Nous dénonçons seulement vos actes criminels et la lâcheté de votre retraite…
Au revoir… Nous n’avons plus rien à nous dire…
Les camerounais ont donc écrit, avant et après Bouopda. Présentant les faits et analysant selon leur angle et prisme. Nul besoin de stigmatiser ou de faire un délit de faciès, la vérité absolue ne pourra sortir que de la confrontation des versions et de la triangulation des sources. En attendant la levée du secret-défense des sources françaises qui peuvent s’avérer être une boîte de Pandore, assumons froidement nos propres démons et cessons de tracer une ligne qui sépare les bons « absolus » des méchants « dévolus ».
Quant à moi, je serai encore déçu et trahi si le tiers des allégations de l’auteur s’avérait vrai.
Kala kala
Notes de lecture de Kala kala
Depuis quelques minutes, comme livre "d'oreillers", j'entreprends de lire Kala-kala, de la grande à la petite histoire un ambassadeur raconte de Maurice Delauney. Paris (1986) Éditions Robert Laffont, S.A.
Je me disais "un de plus" que je vais parcourir. Mais dès le 4ème paragraphe de la préface, que lis-je? "Ce livre rappellera également à travers le Cameroun, le Dahomey, les Nouvelles-Hébrides, Madagascar, et surtout le Gabon, quelques-uns des aspects de notre "décolonisation", celle qu'a voulue le général de Gaulle, et qu'il est maintenant possible de considérer, sans vaine prétention, comme une incontestable réussite". Vous avez lu comme moi? Alors cherchez les maux dans les mots et soulignée en au moins deux. C'est vrai que ce livre a été écrit depuis plus de 20 ans, et qu'il NZ mériterait pas qu'on s'y attarde au regard de l'évolution de l'histoire de la décolonisation. Mais ne faut-il pas, comme l'Afrique avait répondu à Sarkozy, qu'on réponde mot pour mot, livre pour livre, auteur pour auteur afin de rétablir l'équilibre de vérité contre mensonge?
Je n'ai donc pas attendu de lire tout le livre pour réagir Post Lectionem. L'arnaque est si grossière qu'il fallait l'amaigrir. Après lecture donc, pour moi, mais ceux ayant déjà lu cet ouvrage peuvent anriciper.
Débat du 05 juillet 2015
Débats du Jour: 05 juillet 2015
En ce jour de l'an de grâce 2015, jour des débats dans nos chaînes de télévision privées et publique, je me suis promené que dis-je, j'ai promené mon regard et prêté mes oreilles à quelques émissions dont Canal Presse de Canal 2, Droit De Réponse de Équinoxe, 7 Hebdo (?) de STV. Et en ce moment, Afrique Média.
J'ai appris et entendu du déjà entendu ou dit, de la même façon ou de façon originale, triviale ou pertinente.
J'ai été d'accord avec certaines prises de position, et pas avec d'autres.
Je me contenterai de donner mon opinion et faire mes analyses, et serai ravi de me faire accompagner dans ma compréhension des faits et des choses, pour qu'on se rapproche le plus possible de la vérité.
Point n'est besoin de revenir sur le buzz de la semaine, du mois, de l'année où du siècle pour les laudateurs. Les paroles valent ce qu'elles valent. "Qui veut vs qui peut".
La leçon que j'en tire me vient des écrits d'un contemporain qui a dit "qu'il ne faut ni aveugler l'espérance des Hommes par une apparence, ni décevoir cette espérance par de faux semblants". J'ai regretté de n'avoir pas suivi cet autre bout de phrase de notre Nkukuma, car j'aurais peut-être aussi été atteint en direct par leur charge émotive pour flatter mon égo de Camerounais, et n'espère n'avoir perdu que peu en léger différé. Dans une société à la vie politique et diplomatique plate voire fade, il n'en faut pas plus pour flatter notre égo, tout en gardant de vue que le fanatisme libère peut être le besoin de revanche, mais il pipe les dés de l'espérance. Et l'espérance démocratique des camerounais semble s'être dévitalisée pour se réfugier dans l'insondable éthos des dieux sur terre. Magister dixit.
En lisant entre les lignes et en publiant l'article du journal français Le Figaro "Au Cameroun, François Hollande donne la priorité à la lutte contre Boko Haram", j'ai eu la faiblesse de converger vers les analyses de ceux qui ont dit que cette éminence institutionnelle française a fait profil bas et a amorcé le respect du Cameroun au regard de l'attitude condescendante de ses prédécesseurs. Si l'agenda "ouvert" peut ainsi être réduit et qu'il en soit réduit à parler à notre président en s'adressant au président Béninois à Cotonou, alors comme a dit quelqu'un, " la peur commence à changer de camps ".
Pour ce qui est de problèmes Camerouno-camerounais approchés souvent par des camerounaiseries, rien de nouveau sous le soleil. On fustige la justice camerounaise quand on est de ce côté du fleuve, et quand on traverse, on l'encense. Cas de Lydienne Yen Eyoum. Où est la vérité? Car si la justice ne peut exprimer la vérité en réduisant les soupçons et scepticismes à leur plus simple expression, alors il y a problème et toute personne éprise de justice et de vérité devrait être assez prudente avant de condamner les uns et les autres. Mais je l'ai déjà dit, les procès d'intention et les procès en sorcellerie semblent avoir suppléé au véritable procès équitable que doit conduire notre système judiciaire.
A Droit de Réponse, le zapping m'a fait perdre une bonne partie du thème sur la reconnaissance des crimes français au Cameroun. La partie de l'intervention de Me Tchoungang parlant du monopole de patriotisme que ne saurait s'adjuger certains Camerounais m'a fait deviner les propos d'un membre de l'UPC sur le panel, Me Soho. En effet, il est souvent exaspérant la façon donc certains font une fixation, à raison mais parfois maladroitement sur certains faits de notre histoire. Les mêmes qui accusent les profiteurs de la lutte des indépendances d'avoir falsifié ou dissimulé l'histoire ne brillent pas par leur honnêteté intellectuelle. Tout se passe souvent comme si l'histoire du pays avait été figée en 1955 ou 1960, et qu'il fallait inventer la machine à remonter le temps pour que les acteurs et artisans de la vraie indépendance ressuscitent et conduisent le Cameroun afin de "relever le standard de vie" sans faille et sans anicroche. Sans rien enlever à ces dignes patriotes et combattants, l'intelligence, l'infaillibilité et la probité dont on leur crédite ne peuvent laisser un esprit critique indifférent. Ahidjo a torturé, tué, et que sais-t-on encore, les stigmates sont encore visibles sur les corps et présents dans les cœurs de nombreux compatriotes. Passer cela en pertes et profits serait se rendre complice de ces crimes. Mais il n'empêche qu'en interrogeant le contexte national influencé par l'environnement international de l'époque, il y a lieu de se demander si des nationalistes auraient fait mieux ou pire. Le cas de Sekou Toure qui a été poussé à la dictature est là pour s'interroger. En définitive, un bilan se fait en deux parties, le crédit et le débit, les pertes et les profits. Il est donc malsain de peindre entièrement en noir les œuvres d'une personne ayant été à l'épreuve, et en blanc celles supposées d'un autre qui n'a pas eu l'opportunité, même à cause du premier, d'exercer. J'ai souvent dit à ce propos que les morts ont toujours raison. Et ce débat du nationalisme comme d'autres, nous ne saurons faire son économie, et son procès aura lieu. Qui a été plus tolérant ou cruel au nom de la nation ou des intérêts occultes?
Du coup, on tombe dans les biais que nous savons faire tout en se disant justes. Hollande nous a donné l'occasion de nous y illustrer. Sur la plupart des plateaux, on a entendu les propos évoluer des massacres à l'ouest ou pays bamiléké et dans la Sanaga Maritime en massacres des Bamiléké et des Bassas. Comme pour dire que les armes françaises étaient déjà si chirurgicales à l'époque pour faire le tri entre un Bamiléké, un Bamoun ou un allogène, sauf à dire que la population était si homogène, ou alors en déduisant qu'un allogène était une goutte d'eau dans la mer pour ne pas généraliser, ou insinuer que la vie de ce dernier ne compte pas. Et de l'autre côté, les Bakoko ou Mpoo et Malimba, ainsi que des allogènes n'étaient que quantité négligeable pour ne pas les assimiler aux Bassas. Heureusement, les caprices de la connexion internet qui m'ont fait publier en deux phases ce post m'ont permis de suivre la mise au point d'un panéliste à Afrique Média, Parfait Ndom pour ne pas le nommer, a remis les pendules à l'heure avec tact et véhémence. La lutte pour l'indépendance à concerné toutes les composantes de la nation, et les morts se comptent partout. Hier déjà, j'ai entendu parler Calixte Beyalla dans la même chaîne qui évoquait les massacres du quartier Congo à Douala, et des corps qu'elle a eu à voir à Mboppi. Si l'ampleur des tueries en masse n'a pas été la même partout, s'arroger le monopole de génocidés peut relever d'une escroquerie macabre. Pour ce qui est de nos héros et martyrs réels ou supposés, nul ne doit être oublié, mais nul ne devra entrer au Panthéon sans avoir été scanné ou interrogé.
S'agissant de la soi-disante aide de la France annoncée ou conclue à l'occasion de cette visite, j'ai également entendu des propos qui ont titillé notre fierté et soif d'indépendance et de liberté. D'accord, s'agissant de "notre argent" parlant de la remise de la dette sous forme de C2D, je fustige aussi le fait que bien souvent, qu'on ait à nous dire ce qu'on doit en faire en termes de priorités dont l'exécution incombera aux sociétés françaises. Mais quand le débat glisse vers "le comment" son utilisation doit être faite, allusion au droit de regard du dispositif du C2D, je diverge et mets un peu d'eau dans mon patriotisme en reconnaissant que là, nous voulons nous prévaloir de nos propres turpitudes . Que Les mêmes qui estiment que les fonds PPTE ont connus le sort des autres fonds publics ne mettent pas les gants avant de donner un coup de "gueule" sur le mécanisme C2D, j'en conclue qu'on ne sait pas ce que l'on veut. Il est bon de faire le fier, il est mieux d'être respectueux des valeurs éthiques, respectables dans sa conduite afin d'être respecté. Qui se demande encore aujourd'hui ce que sont devenus les fonds PPTE? Qui en parle encore? Lorsqu'une personne ou nation ne peut se mettre sous pression ou sous sa propre discipline, il arrive qu'un tiers lui fixe ses règles. J'ai personnellement suivi de près et de loin cette problématique et les batailles larvées et ouvertes sur la gestion desdits fonds. Si d'un côté j'émettais des réserves sur la "surveillance" que les bailleurs de fonds, organismes internationaux et ambassades de pays partenaires au sein du Comité Consultatif ont et voulaient exercer sur la gestion desdits fonds, patriotisme oblige, je me disais en même temps que cela était nécessaire si l'on voulait que les pauvres Camerounais ne soient volés "en aller et retour". La suite nous a t-elle donné raison ou tort? Je me limiterai à mon témoignage personnel en tant que gestionnaire desdits fonds. Et pionnier, nous avons vécu et subi les batailles feutrées que se livraient les services traditionnels du Ministère des Finances et le Comité Technique de Suivi, avec ses Cellules Opérationnelles et le Secrétariat permanent. Il n'y a pas jusqu'à certains collègues qui à un moment, attribuaient à tort ou à raison certaines lenteurs à ce processus, mais j'avais toujours pensé que, malgré ces déboires, ce procès avait pour but de démanteler un processus qui en amont assurait le respect d'un cadrage budgétaire et permettait une certaine équité, et en aval assurait un certain contrôle à défaut d'être certain, de l'utilisation des fonds. Sur les bords, j'estimais que c'est un mauvais procès, car n'ayant jamais connu, ni entendu parler de façon irréfutable, de marchandage des allocations de crédits dont les indications partaient d'ailleurs des Ministères. Il a suffit qu'en toute première année de son démantèlement qui a remis la charge aux services chargés de la programmation au ministère de l'économie et des finances, les démons tapis dans l'ombre surgissent. J'en sais quelque chose car c'était devenu le qui mieux mieux, ou à la tête du client. Ayant connu quelque retard dans la transmission de dossier, le financement de la dernière année du projet, qui en d'autre temps aurait été réservé sans problème, a été attribué en sus à un autre projet, sans aucune raison valable. Il a fallu faire des pieds et des mains pour que ces fonds soient revirés dans la "basket fund" afin qu'ils soient mis à la disposition du Projet. Ça n'a pas attendu. Qui ne sait comment les crédits sont généralement alloués dans les ministères. Tant pis ou portion congrue à celui qui ne marche pas ou n'a pas la bonne tête. I Know what i'am Talking about. Alors, reprocher les français pour ce "paternalisme", c'est se prévaloir de ses propres turpitudes. Soyons honnêtes et intègres, et personne ne viendra nous faire son dictat.
Hollande est venu, il est parti. On a vu, on a entendu. On a apprécié la poussée d'affirmation de notre personnalité en tant que pays. On s'est fait sans doute respecter. Pourvu que les fruits tiennent la promesse des fleurs.