My Shareway to the World

My Shareway to the World

Informations et Désinformation sur la Chenille légionnaire d'automne

Informations et désinformation sur la chenille légionnaire d'automne

 

L’information en particulier et la communication en général sont des facteurs voire des vecteurs de développement.

A contrario, l’absence et surtout la mauvaise information (cas de cette publication de Camer24: http://camer24.de/signalee-dans-sept-regions-sur-dix-la-chenille-legionnaire-menace-la-production-cerealiere-camerounaise/) , la désinformation et la propagation de fausses nouvelles dues au manque de professionnalisme, au sensationnalisme, à la recherche de scoops et la création de buzz sont un haut risque de sous-développement avec son corollaire la pauvreté, de crises de toutes sortes y compris la pire, la guerre.

 

Dans son document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), le Cameroun notait déjà que « les difficultés d’accès à information et le manque d’information ont été cités lors des consultations participatives comme un facteur important d’isolement et de pauvreté ».

 

L’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des objectifs nationaux dans le cadre du DSCE a révélé que pour ce qui est de l’OMD 8, la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement vise entre autres, la vulgarisation de l’utilisation des technologies de l’information et de communication.

 

La stratégie de croissance dans le domaine des technologies de l’information et de la communication dans ce DSCE a prévu entre autres stratégies, de doter 40 000 villages de moyens de télécommunications modernes. Ces moyens étaient déjà annoncés dans le DSRP à travers « le plan ambitieux comprenant l’ouverture de centres communautaires multimédia dans les provinces afin de permettre aux populations enclavées d’avoir accès, via internet, aux informations utiles dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement ».

 

Les télévisons, journaux en lignes  et les réseaux sociaux occupent une place de plus en plus importante dans le quotidien des Camerounais, y compris dans les villages les plus reculés.

 

Où en est-on aujourd’hui avec ces centres communautaires multimédia en particulier, et de l’accès à internet en général ?

 

Une analyse, même empirique peut conclure à une avancée significative de l’accès au réseau téléphonique mobile au Cameroun.

 

Quelle est sa  contribution (téléphonie mobile et internet) à l’amélioration des conditions des populations, surtout les « ressource poor farmers » dans le domaine spécifique de l’agriculture et l’environnement ?

Quel est l’apport de ces télévisions, journaux en ligne et réseaux Sociaux dans le bien être de ces populations en général et des paysans en particulier ?

 

Quel a été le degré d’ingéniosité des Projets et Programmes à intégrer ces outils dans leurs stratégies et axes de déploiement afin d’atteindre leurs cibles et d’arrimer leurs bénéficiaires au monde numérique et les inscrire au rendez-vous du donner et du recevoir du village planétaire ?

 

Quelle est la participation individuelle de chaque citoyen dans ce sens, au-delà du voyeurisme et de « l’invectivisme » de Facebook et du kongossarisme de Whataps ?

 

When will we stop « pretending day by day that someone, somewhere will soon make the change?”.

 

Chacun doit mettre la main à la pâte, et nos efforts de cercles concentriques en cercles concentriques,  engloberont tout le monde, arriveront jusqu’au village le plus éloigné d’où nous partiront des énergies pour prétendre aller à la lune.

 

On doit surtout éviter de propager de fausses informations comme celles diffusées par le site Camer24, qui publie sans aucune vérification que 37.000 ha de plantations ont été dévastées par la Chenille légionnaire d’automne.

 

Il faut qu’on accorde de l’importance à la santé des plantes comme on en accorde à la santé humaine et animale dans une moindre mesure. Car la santé humaine dépend de la santé végétale.

Un homme affamé ou sous alimenté est un homme malade. Et l’alimentation peut le rendre davantage malade si les aliments sont contaminés par les « elixirs de la mort », ainsi appelle t-on ces produis chimiques destinés à la préservation de la santé des plantes.

 

Propager des nouvelles alarmistes de ce genre risque, dans notre facilité, précipitation et cupidité (passation de marchés de pesticides sans raison) impacter négativement sur notre santé et notre environnement. A moins qu’ils ne soient en mission commandée à cette fin (faire sortir l’argent par le Chef de l’Etat pour des urgences non encore fondées). La suite, je la connais, et j’en ai été victime.

 

Afin de nourrir quantitativement et qualitativement ses populations, le Cameroun a entrepris d’améliorer durablement la productivité et la compétitivité de son agriculture en déployant des efforts pour rendre les producteurs capables de produire sainement.

 

Pour ce qui est des grands fléaux de l’agriculture comme ces chenilles, un dispositif de lutte préventive, qui se voulait et qui doit être pérenne, a été mis en place et doit fonctionner.

Ce dispositif se doit d’analyser les risques, surtout ceux d’introduction de nuisibles exogènes, ou d’invasions à partir de l’extérieur,  détecter à temps ces invasions ou pullulations et traiter promptement les poches afin d’éviter leur propagation et des invasions généralisées.

 

Pour revenir et se limiter (pour l’instant) aux chenilles légionnaires, il faut dire que ce genre  de noctuidae ou papillons nocturnes n’est pas nouveau au Cameroun. C’est plutôt l’espèce qui l’est.

 

Les chenilles légionnaires et particulièrement les espèces  Spodoptera littoralis et Spodoptera exempta sont autochtones, commues des paysans qui ont été formés à leur identification, signalement et traitement.

Elles sont parmi les papillons les plus faciles à identifier, surtout dans leur phase larvaire (chenille) qui est la plus dangereuse.

 

En effet, elle est appelée chenille légionnaire (en anglais army worm) en rapport avec l’armée car elles attaquent les champs en bandes comme un régiment d’armée qui avance au champ de bataille.

En plus, et toujours en relation avec l’armée, la caractéristique d’identification apprise aux paysans est ces bandes (rayures) longitudinales qui font penser aux bandes des galons des militaires.

 

La chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda), quoique inconnue des paysans, peut donc être facilement signalée par eux, même par confusion avec les autres.

 

De couleur verte clair à l’éclosion, avec des lignes noires et des taches, elles restent vertes ou deviennent chamois avec des lignes dorsales et spiraculaires noires au fur et à mesure qu’elles grandissent. Une forme d’Y inversé en jaune sur la tête caractérise les chenilles âgées, avec des pinacules dorsales noires avec de longues soies primaires (deux de chaque côté de chaque segment dans la zone dorsale pâle) et quatre taches noires disposées en carré sur le dernier segment abdominal.

 

Il n’est donc pas possible de confondre les chenilles légionnaires avec les borers de tiges de maïs, qui auraient pullulés dans la région du Nord la campagne passée avec d’importants dégâts, et qui seraient encore présents cette année à une moindre importance.

 

Mais on aime ainsi monter la température afin de créer des situations de cafouillage où tout est permis et tout passe. Le dispositif de lutte opérationnel est ainsi court-circuité, et de sommes vertigineuses sont dépensées là où 10.000 FCFA, 100.000 ou quelques millions auraient fait l’affaire sans grand bruit.

 

Concernant cette alerte internationale sur la chenille légionnaire d’automne qui est réelle et doit être prise à sa juste mesure, le MINADER me semble t-il, avec l’appui de la FAO est à pied d’ouvre pour adresser la situation.

 

Encore faudrait-il qu’elle ne tourne en vrille, délaissant les précautions et solutions pratiques et efficaces pour le sensationnalisme et la bureaucratie qui n’auront pour effet que de détourner l’attention vers des « mesurettes » bureaucracy driven et interest oriented.

 

Depuis que cette menace a été signalée en Afrique et au Nigeria voisin, j’ose croire que le MINADER a fait son analyse de risque et pris des mesures préventives conséquentes.

 

La première de ces mesures est le contrôle législatif. Il ne demande rien qu’un peu de temps, du papier et l’encre. Une signature à la fin. Ce contrôle consiste à déclarer la chenille légionnaire comme nuisible de quarantaine dans le pays, à la suite de la FAO.

Ainsi, les contrôles aux points d’entrée (aéroports, ports, frontières terrestres) devront être renforcés.

 

Des investigations devraient être menées pour recouper les informations sur sa présence dans les 6 autres régions indiquées, et au besoin les déclarer zones de quarantaine afin de préserver celles qui en sont encore indemnes.

 

Des investigations devraient être faites pour connaître les zones infestées au Nigeria, et si celles-ci sont frontalières du Cameroun ou non (puisque ce papillon peut se déplacer sur 100 km de vol la nuit), concentrer des efforts de surveillance par piégeage et prospections réguliers dans les villages les plus proches de la frontière, en prenant en compte les zones inaccessibles du fait de Boko Haram.

 

La recherche devrait entamer ou continuer des études sur la dynamique des populations de ce nuisible dans le pays.

 

Les paysans, éleveurs et autres populations, doivent être mis à contribution, surtout dans le cadre des Brigades Villageoises d’Intervention Phytosanitaires mises en place, formées et équipées dans  le cadre du dispositif de lutte préventive ci-dessus évoqué.

Tous les maillons de ce dispositif doivent être réveillés et mis adéquatement à contribution, les Bases et Brigades Phytosanitaires.

 

Les stocks de pesticides devraient être pré-positionnés dans les zones à haut risque.

Les unités de traitements devraient être dotées d'équipement approprié, dont les appareils de traitement adaptés à la situation et efficaces (ils étaient sur le pipe d'acquisition quand je partais. J'espère que la continuité a été assurés). 

 

La Sous-Direction des Interventions Phytosanitaire doit pleinement jouer son rôle d’information et de communication à lui dévolu dans ce dispositif.

On peut par exemple doter les BVIP de téléphone Androïd avec application Whataps et crédit internet (même de 100 FCFA), afin de filmer les insectes et envoyer les photos pour identification.

 

Ce n’est pas sorcier, et c’est ce qui est appelé aujourd’hui DIGITAL FARMING. La Digital Crop Protection, un paysans de Wassandé (Adamaoua) m’y a mis le pied dans l’étrier sans le savoir, lui que je n’avais pas encadré mais qui avait obtenu mon numéro à travers mes amis paysans de la zone. Son problème a été résolu à travers Whataps,  et j’encourage depuis lors les autres amis de faire de même pour leurs problèmes. Ce n’est qu’un minimum d’ingéniosité et de volonté. Pas besoin de milliards, de conférences et  séminaires. Et c’est free of charge » ?

 

Il me souvient qu’en pleine formation à Kaélé en 2016, j’avais offert un pack téléphonique à un brave paysan de Kaï-Kaï, Daniel Assoualaye de son nom pour récompenser ses mérites et son engagement et servir d’exemple à d’autres producteurs.

Si je pouvais le faire personnellement, malgré la conjoncture et les obstructions de toute sorte, comment des Projets et Programmes ne pourraient faire 1.000 fois plus ?

 

Ce paysan avait été celui qui, en 2005, lors de l’incursion du Criquet Pèlerin (Schistocerca gregaria) au Cameroun (phénomène rare), a pris son vélo pour saisir le Sous-Prefet.

 

Je l’avais ensuite fait mettre dans l’avion de Maroua à Yaoundé et retour (en transformant un billet en mon nom acquis dans le cadre du Projet), pour animer le stand du Projet à Promote où il n’a pas manqué d’attirer l’attention du premier Ministre en l’interpellant. Il avait été une attraction dans l’avion au point où des collègues qui étaient du voyage, me voyant à l’aéroport, me disaient « c’est ton paysan ? Il a fait le show durant tout le vol ». Nous sommes devenus une famille.

 

Il n’en faut pas plus pour rendre les paysans heureux. Leur montrer leur importance et leur donner ce qui leur est dû. Ajouter, si possible, en affection, considération et tout ce qui est possible.

Ils sont nombreux qui rendraient d’énormes services à la nation, s’ils sont mis en condition.

 

Une prompte signalisation d’un fléau par l’un d’eux peut faire économiser des milliards à l’Etat, qui serviront à autre chose. Pour rappel, l’invasion du Criquet Migrateur Africain (Locusta migratoria migratorioides) dans certains départements de l’Extrême-Nord en 1997-98 avait coûté 4,5 milliards à l’Etat et ses Partenaires au Développement. C’était la situation de référence ayant servi à la mise en place du Projet que j’ai eu l’honneur de diriger, et dont les turpitudes de certains ont emmené à la clôture qui expose le pays aujourd’hui aux dangers incommensurables.

 

Pour ces paysans, donc, je ne resterai pas bras croisés, et cette contribution, même si elle finit par un coup de gueule, participe de cela. Et ce n’est qu’un début.

 

Car au pire de mon égoïsme, je me dois ua moins de me préoccuper de ma propre vie qui dépend de ces Seigneurs de la terre et qui peut être mise à mal par les saigneurs des seigneurs.



16/09/2017
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 58 autres membres