Le Pr Kamto et les bourdes historiques
Après la bourde Natchigall, le Pr Kamto a remis ça.
Dans une vidéo de d’un entretien avec la Diaspora Camerounaise lors de sa tournée « toxicologique » en occident, l’imminent juriste, dans un speech limpide et un brin courageux et dans une attitude de sincérité, a entretenu son auditoire sur l’histoire du Cameroun en relation avec la crise anglophone.
Toutefois, sa brillante narration a sur certains points cruciaux, fait bourdonner les oreilles de puristes de l’histoire, et pire encore, des profanes du droit.
S’il peut être excusable dans le premier domaine, il ne mérite aucune indulgence sur la seconde bourde juridique, lui le pape du droit.
Comme « entrée », il simplifie -son intervention limitée dans le temps ne pouvait qu’être une synthèse mais de là à verser dans le simplisme- la configuration géographique du Kamerun en disant qu’il avait 800.000 km2 en 1884.
Le Kamerun qui a commencé en 1884 avec le Kamerunstadts était réduit à la Côte camerounaise puis étendu sur ses limites du Vieux Kamerun (Altkamerun) jusqu’au 4 novembre 1911.
C’est à partir de cette date qu’il s’étendra sur 800.000 km2 avec l’adjonction du NeuKamerun qu’il perdra après la fin de la première guerre mondiale. Le reste on connaît.
Simple mise au point.
La bourde historique se situe dans ce qui est appelé « conférence de Foumban ». En passant, Kamto présente John Ngu Foncha comme LE principal artisan de la réunification, côté anglophone sans doute. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, car l’une des figures pionnière et déterminante toujours occultée est Mfon Mukete. Et lorsqu’il faut parler, même en résumé de la réunification, il faudra cesser de méconnaitre les « French born » au premier rang desquels Dr Dibue (le Mentor des Foncha), Jabea Dibongue et Dr Epalle. L’évocation de leurs noms ne demandent pas une page ou plus de 5 secondes. On aura le mérite de brosser le panorama et reconnaître le mérite des méritants.
Je disais donc que Kamto donne le tort à Ahidjo et partant aux francophones de n’avoir pas mis le projet de constitution aux anglophones préalablement aux assises de Foumban pour examen.
Ce qui est archi-faux et je me demande comment une personnalité comme Kamto, intellectuel et juriste de surcroit, peut ignorer que Ahidjo avait remis le projet de constitution à Foncha qui l’avait dissimulé à ses compères. Cela est connu et documenté.
Pour un avocat dont le métier appelle à l’exercice de mémoire, c’est plutôt surprenant. Pour une personne aspirant à présider au destinées du pays, c’est peu excusable.
Je lui donne « L’ULTIMATUM » de présenter son Erratum.
La seconde bourde, plus grave car juridique, est la soi-disant violation (il parle de contournement ou non respect) de l’Article 47 de la constitution de 1961. Un débat éculé aux yeux de certains.
Je suis d’accord avec lui que Ahidjo a été plus rusé et avait une longueur d’avance en politique que ses compatriotes, pouvant ainsi les rouler dans la farine.
En ce qu’il a fait appel au peuple souverain pour se prononcer par voie référendaire, au lieu de recourir aux mandataires du souverain.
Mais je suis divergent avec lui sur la motivation, car il dit que c’était pour contourner l’Article 47 « interdisant formellement la modification de la forme de l’Etat ».
Sans être juriste mais n'étant pas nul en législation pour eu à écrire un texte de loi et contribué à l'écriture d'autres, j’avais essayé de pénétrer l’esprit et de comprendre la lettre dudit article.
Pour ce faire, j’avais même voulu aller à l’Assemblée Nationale dans l’espoir d’examiner l’exposé des motifs de cette loi et les minutes des débats parlementaires pour son adoption.
Faute de mieux, je m’en suis remis à mon bon sens pour comprendre que le mot « fédération » dans « l’unité et l’intégrité de la Fédération » renvoie à "PAYS", et non forme de l’Etat. En quelque sorte, Ahidjo en politicien avisé, avait verrouillé la constitution pour un pays « un et indivisible ».
Plus question de la République du Cameroun (sous son ancienne forme) et de Southern Cameroon.
Ce n’est donc pas pour ce paragraphe de l’article 47 que Ahidjo a évité l’Assemblée fédérale, mais pour le quatrième dudit article qui disposait que « La révision doit être votée à la majorité simple des membres composant l’Assemblée fédérale à condition toutefois que cette majorité comporte la majorité des représentants à l’Assemblée Fédérale de chacun des Etats fédérés ».
Sachant que la majorité des voix des représentants de l’Etat Fédéré du West Cameroun ne lui était pas garantie, Ahidjo a donc contourné l’Assemblée Fédérale pour le peuple souverain.
Et pour celui qui a suivi l’évolution de la rhétorique revendicatrice des Leaders de la cause anglophone devenus sécessionnistes comme Gorgi Ndinka, il ne lui a pas échappé que leur premier argument reposait sur le fait que l’Assemblée ne s’est pas prononcée sur la révision de la constitution, pour évoluer après vers son intangibilité alléguée lorsqu’il leur est sans doute apparu la légèreté de leur argumentaire.
Does it make sens que les représentants du peuple puissent examiner pour éventuellement retoquer une décision prise par le souverain dont il s sont mendants?
Cette analyse, je l’ai faite dans ma publication au début de la crise anglophone, où je me demandais pourquoi les juristes n’évacuaient-ils pas ce débat qui est occulté, non sans les inviter à le faire.
https://mbongantoo.blog4ever.com/mon-opinion-sur-le-probleme-anglophone
J'interpellai Mathias Eric Owona Nguini à ce sujet au hall du Palais des Congrès, qui balaya du revers de la main cette argutie sur la violation de la Constitution. Je fus assuré.
Je me rassurerai n’être pas si bête lorsqu’à ma grande surprise et satisfaction, je lirai la publication du Pr Victor Julius Ngoh lors du Grand Débat National sur le sujet écrivant exactement et avec limpidité ce que je pensais et avais écrit. Je fus tant saisi de satisfaction que je le fouillai dans le hall du Palais des Congrès pour le saluer et faire mes révérences à ce grand historien.
Cette publication fut un grand moment (passé inaperçu pour certains) après et avec l’intervention-témoignage-vérité-couperet de Mfon Mukete sur la fin du fédéralisme.
Ces deux moments forts m’avaient fait dire Game Over sur le débat sur le fédéralisme lors de ces assises.
Et la température baissa pour celui qui pouvait lire le thermomètre.
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