Réflexion Matinale #5
RM5 : Multiplication contre Division pour notre libération
En cette aube du dimanche de la semaine 48 de l’an de grâce 2014, ma pensée survole le social avec cette interrogation ou constat selon lequel dans nos pays d’Afrique noire, et plus précisément dans mon pays et dans ma communauté, la DIVISION et la SOUSTRACTION sont les opérations usitées au détriment de la MULTIPLICATION et de l’ADDITION. Comprenne qui voudra.
Ce n’est pourtant pas la faute à nos ancêtres qui nous ont laissé des conseils, dont celui qui consiste à dire que la savoir (sans doute vecteur de prospérité et gage de liberté) est une collecte (donc une addition) à laquelle chacun APPORTE (avant de prendre) sa part. « Dibiè le nde njangi).
C’est cette réflexion qui me tire du lit, ce qui me permettra d’aller au culte que j’ai déjà séché depuis quelques dimanches comme d’habitude (God forbid). Malheureusement, ou heureusement comme me soufflera mon Grand Frère Mbombog Mbog Bassong qui suit de loin et me plaint dans ce tiraillement entre la quête de ressourcement et l’inculturation version exogène. Je me justifierai très mal dans ma posture de celui qui pense que comme la science moderne (venant de l’occident) nous sert (et dont on ne s’en sert pas assez), est inspirée et influencée par la sagesse et les travaux de nos ancêtres, la religion chrétienne, qui nous a été imposée et qui ne dérive pas moins de nos croyances ancestrales dont elle n’est que mimétisme, cette religion, pour autant que les structures de la notre séculaire ne sont pas encore revenues dans nos lieux communs, peut nous aider à retrouver notre âme et conscience.
A CONDITION !
A condition d’en tirer le meilleur et de ne s’en servir que pour le pire. D’en être au centre et non à la périphérie. De laisser pénétrer la parole afin de se libérer et non pour se servir, s’asservir et s’avilir.
Et c’est justement le problème pour moi. Je me suis toujours demandé à quoi servent ces prédications qui veulent encore nous faire croire comme antan que Jérusalem est au ciel (Jerusalem nya moῆ). Ne pouvons nous pas trouver des enseignements qui nous permettent de nous rééquilibrer après le déséquilibre social qu’ont causés les missionnaires au nom de cette religion ?
En effet, j’ai la faiblesse de penser, comme les sciences naturelles me l’ont enseigné, que l’état naturel de la « nature » est son équilibre. « Balance », comme disent les anglo-saxons, terme qui illustre mieux cet état en nous faisant entrevoir l’outil et la notion.
Transposant ce précepte sans le social et dans le cadre de nos sociétés traditionnelles, j’ai l’outrecuidance de penser que celles-ci étaient plus ou moins équilibrées en termes de rapports de forces entre individus et groupes d’individus. Le « checks and balances » pouvait y fonctionner pour maintenir une harmonie et un relatif équilibre par les jeux de pouvoir et contre pouvoir. Je pense aux rites et rituels d’initiation, purification, guérisons, fortifications, immunisation et « plénification ». Après avoir cassé nos méthodes prophylactiques et thérapeutiques, nos cellules psychologiques, après avoir confisqué et découragé nos « fétiches », les missionnaires ont laissé libre cours aux méchants pour atteindre les faibles et désarmés, ils leur ont même déroulé le tapis rouge pour entrer les prendre même en plein culte. A se demander où est donc le Seigneur dans sa propre maison et pourquoi se laisse t-il tant défier. En donnant sans doute raison à celui qui a dit que « l’espérance chrétienne s’est dévitalisée pour se retirer dans les ghettos du paradis céleste et de l’inaccessible éternité », ouvrant la voie à l’espérance révolutionnaire.
Cette religion ou mieux la "formolisation" dont nous sommes victimes par la façon dont ses enseignements nous sont dispensés nous donne l’illustration de l’homme qui a soif au milieu d’un fleuve. Incapables que nous sommes d’en tirer les leçons et les réadapter à notre contexte afin de pouvoir retrouver nos ressorts, repères et équilibres.
Plus simplement, je me suis toujours posé la question des prédications adaptées aux contextes et environnement. Si une société ou communauté est caractérisée par la jalousie, n’ya t-il pas lieu de chercher à exorciser ce mal en trouvant dans les écritures saintes les paroles et paraboles appropriées et les marteler à longueur de journées, d’année voire de siècles ? Ce n’est qu’un exemple, car il y en a tant. Ne peut-on pas magnifier le symbole de la MULTIPLICATION du pain afin de décourager les esprits de division des hommes et de soustraction des hommes (sorcellerie et autres maléfices) et du bien public ?
La non application des pactes et serments jadis « curatifs et préventifs » arrangent plus d’un dans la société. Car d’aucuns ont peur d’être rattrapés, et d’autres se ménagent les marges de manœuvres.
Ils sont relégués aux calendes bantoues sinon transformés en simple exhibition.
Les Duala que dis-je les Sawa-Duala, pardon les Sawa ont leur messe de l’eau et esa. Quelle prégnance sur leur vie aujourd’hui ? Les Mpoo, plus concrets (l’homme ne devant pas vivre d’espérance métaphysique sans espoir immédiat), ont ou avaient leur « Primo-initiation », rite fondateur, croit-on savoir, de leur être en tant que communauté. Rite qu’aurait effectué leur ancêtre éponyme Nnanga Mbang Ngee Nnanga au moment de son départ qui présageait les migrations de ses fils et collatéraux. Qu’il aurait demandé de perpétuer de génération en génération. Où en est-on ? Mais la messe catholique (pour une célébration œcuménique, demandez plus tard), y en a et pas des moindres qui en font un point de tradition.
Etant aux affaires, je m’étais assigné comme défi le retour à deux symboliques: la primo-initiation et le pèlerinage à Ngog Lituba. Contre velléités de découragement et indifférence, j’ai pu en dernière année faire procéder à la primo-initiation, mais une hirondelle ne faisant pas le printemps, pas d’effet tâche d’huile. Pour le pèlerinage, échec et mat ! Le mal est profond, peut-être qu'une thérapie de groupe (d'ensemble)serait appropiriée.
Alors, en analysant la problématique plus en amont et globalement, au niveau du peuple africain, plus que la conscientisation si chère aux Nkrumah, ne nous faut-il pas notre THEOLOGIE DE LA LIBERATION comme les américains du sud ? Foin de ces églises réveillées et leurs frasques, qui nous divisent et soustraient davantage, les églises de la libération ne seront-elles pas notre ultime salut ?
Nous libérer des ancêtres de nos parents, les Gaulois and the like;
Nous libérer des idoles de nos enfants, les Germains et tutti quanti.
Je risque d’être en retard au deuxième culte, après avoir manqué le premier et pour cause !.
Bon Dimanche !
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