Réflexion Matinale #2
RM2: Inconscience ou Irresponsabilité ?
« J’ai déjà l’âge pour mourir ». C’est ce que nous rétorquent certains parents, lorsqu’on les met face à certains arbitrages à faire, ou positions à prendre. Du Ponce Pilatisme, diraient certains. Un jour où j’en avais interpellé un afin de rechercher la solution à un problème latent qui risque pourrir la vie familiale, il me donna cette réponse laconique. Et moi de le planquer en faisant remarquer qu’en d’autres termes, il voudrait dire que peu lui importait la situation qu’il laisserait, seule sa vie le préoccupe, et non la survie de sa descendance. On target ! Je me suis rappelé cette posture face aux réactions de certains au regard d’un problème actuel qu’on ne nommera jamais assez pour le conjurer, même si certains le font à la manière de dessiner le diable sur le mur. Ebola, dont le nom en une langue nationale - qui suggère un « lancer de projectile » - en lui seul devait nous inspirer respect et extrême vigilance. Que nenni ! Attirant l’attention de certains parents sur l’éventuel danger de la consommation de la viande de brousse en ce moment et dans un environnement qui en foisonne, l’un d’eux me rétorqua qu’il verra comment l’ebola en question partira de là où il est, traversera partout pour ne venir qu’atterrir dans le gibier de son village. Je mis fin à la discussion, car je connaissais la suite, si je m’attelais à expliquer, à l’aide des notions d’épidémiologie, en quoi et comment ce risque n’est pas nul. « Vos notions, gardez-les pour vous ». Zadocks, Schein, Agrios, leurs leçons d’épidémiologie -même comme elle est « plant pathology » et non « human pathology », les principes sont les mêmes-, doivent se coucher dans vos livres et sommeiller dans vos têtes. Enlèves l’homme au sommet du « disease tetrahedon ou pyramid » (photo), il s’en fout du reste. C’est Dieu qui doit y figurer, car c’est lui qui nous (re)garde de là haut. On vous a envoyé à apprendre «à « lier le bois au bois », et non à venir nous le montrer. Que voulez-vous-même nous montrer ? A défaut de plier la queue que je n’ai pas, j’ai plié le petit doigt. Car ne dit-on pas que « la répétition est la mère de l’enseignement » ? Alors, rebelote ! Je remets cela au cours d’une réunion qui regroupe les Chefs traditionnels, Chefs de familles et Elite, au cours de laquelle ce sujet est évoqué. Certains anciens -encore eux ! et pas seulement eux !- évoquent une leçon de sciences selon laquelle la chaleur tue les microbes. Comme pour dire que point n’est besoin de s’alarmer en consommant la viande cuite. Et moi de rebondir en leur demandant quid de ceux qui manipulent cette viande avant la cuisson ? Dans le mille ! Pas de réponse, sinon du dilatoire. Certains estimeraient sans doute dans leurs cœurs qu’ils sont « blindés ». Ces comportements, certes isolés, traduisent le degré d’inconscience ou d’irresponsabilité qui a gagné notre société. Les aînés qui devaient être préoccupés par l’éventuelle extinction de leur progéniture manifestent la posture du « après moi, le chaos ». Les églises attendent que Dieu nous aide avant de nous aider nous même. Le meilleur son que nous aimons résonner dans nos oreilles semble elle celle du glas. On s’en remet à la providence et la chance. On oublie même une mémorable leçon que nous a assenée un ancien entraîneur des Lions Indomptables, Claude Leroy pour ne pas le citer, qui nous avait dit « la chance, ça se provoque ». En réponse à la « grande gueule » des camerounais qui justifiaient sa réussite par la chance, eux qui ont souvent et presque toujours estimés que leur équipe, si forte de ses stars, joue sans l’apport de l’entraineur, mais qui ne cessent de blâmer ce dernier en cas de contre-performance ! Inconscience ou irresponsabilité ? Ayant été en charge dans un domaine de prévention des risques, il nous est arrivé, une année, après analyse de risque, d’attirer l’attention sur l’imminence d’une catastrophe d’origine exogène. Le genre face auquel nos efforts ne se mesureraient qu’au degré de limitation des dégâts. Alors au cours d’une réunion, en pleine tournée dans la partie septentrionale ainsi exposée, le Chef de Département eut l’inspiration de demander une prière aux Imams afin de conjurer ce mauvais sort. Et les Imams prièrent, et nous croisâmes les doigts, et le fléau survola le Cameroun pour s’abattre chez certains de nos voisins plus ou moins lointains. Pure hasard et chance ?. Mais mon professeur de science en classe de 3ème, Mr Kago, nous disait que « la science (la fécondation plus précisément) comporte beaucoup de hasard ». Et Claude Leroy nous a dit que « la chance, ça se provoque. Le nier ou ne rien faire en attendant la providence, le hasard ou la chance, est-ce inconscience ou irresponsabilité ?
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